Ils ont aussi manifesté sans incident dans d’autres villes universitaires d’Algérie, selon le site d’information TSA (Tout sur l’Algérie) et les réseaux sociaux. A Alger, l’essentiel du cortège s’est dispersé dans le calme en début d’après-midi.
Dans le centre de la capitale, plusieurs milliers d’étudiants, rassemblés devant la Grande Poste, bâtiment devenu le point de ralliement des manifestations algéroises, sont parvenus à forcer, sans violence, plusieurs cordons de policiers pour rejoindre le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN, Chambre basse du Parlement).
Alors que le mois de ramadan, durant lequel l’essentiel des Algériens se privent notamment de manger, boire et fumer entre le lever et le coucher du soleil, entre dans sa 2e semaine et malgré la chaleur, la mobilisation des étudiants à Alger n’a pas semblé faiblir.
"Vous avez pillé le pays, voleurs!", ont crié d’une seule voix en direction de l’APN, les étudiants qui manifestent tous les mardis depuis le début du mouvement de contestation inédit dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février.
"FLN, traîtres!", a-t-on également entendu, en référence au Front de libération nationale, l’ancien parti unique qui domine la vie politique depuis l’indépendance en 1962. Le FLN reste présidé par Abdelaziz Bouteflika, contraint de quitter le pouvoir le 2 avril, après 20 ans à la tête de l’Etat, sous les pressions conjuguées de la rue et de l’armée.
Les policiers ont repoussé et bloqué sur les trottoirs les manifestants qui voulaient bloquer la circulation mais aucun heurt sérieux n’a été constaté.
Les étudiants, pour la plupart drapés dans le drapeau national – vert et blanc, frappé de l’étoile et du croissant rouges – ont également réclamé "Un Etat civil, pas un Etat militaire".
Depuis la démission du président Bouteflika, l’armée est revenue au centre du jeu politique et son chef d’état-major, le général Ahmed Gaid Salah, fidèle durant 15 ans du chef de l’Etat déchu, est de facto le nouvel homme fort du pays.
Le départ du pouvoir de M. Bouteflika n’a pas calmé les contestataires, qui réclament celui de l’ensemble du "système" hérité du chef de l’Etat déchu et refusent l’organisation le 4 juillet d’une présidentielle pour élire son successeur.
Les étudiants ont ensuite rallié le tribunal du centre d’Alger, où ils ont scandé "Où est la Justice?", alors qu’une série d’arrestations de riches et puissants hommes d’affaires, du frère et conseiller d’Abdelaziz Bouteflika mais aussi d’une responsable politique et d’un général à la retraite critiques du chef d’état-major de l’armée suscitent la polémique.
Les observateurs craignent que ces arrestations servent à offrir des "têtes" à la contestation tout en procédant à une "purge" au sein du pouvoir dans le cadre de luttes des clans au sommet.
"Pas d’élections, bande de maffieux!", ont également martelé les étudiants.