"J’ai vu une femme dans un centre commercial qui était vêtue d’un short très court, ce qui est répugnant", estime Mme Muheiri, qui a lancé, avec Mme Rayyes, la campagne sur Twitter. Des pancartes à l’entrée des centres commerciaux demandent aux clients une tenue décente, mais l’avertissement reste généralement sans effet. Mme Muheiri raconte s’être plainte auprès de la direction de l’un de ces centres contre le spectacle de la nudité féminine pour se faire répondre qu’il n’y avait rien à faire. Frustrée, elle a posté un tweet sur ce thème, déclenchant de nombreuses réactions favorables à sa position. Pour Mme Muheiri et ses partisans, les étrangers se doivent de respecter les coutumes locales, sinon ils devraient être condamnés à une amende.
Interdire les jupes, "ridicule"
Une recherche sur le compte Twitter #UAEdresscode montre un flot de commentaires favorables ou opposés à la campagne. "Chaque expatrié aux Émirats arabes unis doit respecter la culture du pays. Nous respectons les règles de leurs pays et ils doivent faire la même chose en retour", dit l’un des commentaires. "Interdire débardeurs ou jupes dans les centres commerciaux des Émirats arabes unis est aussi ridicule qu’interdire le niqab dans les rues de France", estime un autre participant au débat, qui ne voit pas l’utilité de la campagne. "Expatriés et touristes, personne ne pointe une arme sur vous pour venir vivre dans le pays ou le visiter, et si vous ne pouvez pas respecter ses valeurs, nous n’avez qu’à le quitter", écrit un autre.
Et Mme Rayyes trouve "non civilisée" les attitudes de femmes qui se baladent dans les centres commerciaux habillées de "rien de plus qu’une chemise ou d’un minishort qui révèle leurs sous-vêtements". L’écrasante majorité des femmes de la région portent le voile intégral noir, révélant seulement les mains et le visage, tandis que la plupart des hommes s’habillent d’une robe blanche connue sous le nom de "thoub". La population locale est toutefois minoritaire dans son propre pays. Selon les dernières estimations du gouvernement, seulement environ 11 % des quelque 8,2 millions d’habitants des Émirats sont autochtones. Selon la psychologue Nadia Bouhanad, la campagne, qui a eu de l’écho sur le grand public et dans la presse, révèle "une crainte des Émiratis de perdre leurs valeurs sociales".
"Nous ne sommes pas contre les étrangers, nous leur demandons simplement de montrer un peu de respect pour notre culture", dit à l’AFP l’un des partisans de la campagne qui se présente sous le nom d’Ibn Thaleth. L’alcool, bien qu’interdit par l’islam, est servi dans les bars des hôtels et des clubs de Dubai et Abou Dhabi et la viande porcine est disponible dans les supermarchés dans des sections réservées aux non-musulmans.