Les effets de la crise mondiale sur l’Afrique alarment les experts
Les participants à la rencontre, organisée vendredi au siège de l’Agence française de développement, se disent alarmés par les répercussions humaines, sociales et économiques de la crise financière mondiale sur le continent africain.
Pour lui, le continent a été durement touché par cette crise qui s’est traduite par une forte baisse des investissements directs étrangers, du volume des échanges commerciaux, du tourisme, des transferts de migrants, et de l’Aide publique au développement. Toutefois, explique-t-il, les pays exportateurs de pétrole et les pays à revenu intermédiaire, ont été encore plus touchés que les pays à faible revenu, les Etats fragiles et les pays dont l’économie est moins intégrée au système financier occidental.
Plus optimiste, M. Pierre Jacquemot, ambassadeur de la France en RD de Congo et ancien directeur du développement au ministère français de la Coopération, a fait savoir que l’effondrement du cours des matières premières et la forte baisse de la demande provenant des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont eu un effet négatif sur l’équilibre budgétaire des pays d’Afrique qui sont, selon lui, en meilleure position pour affronter la crise aujourd’hui qu’il y a dix ans, grâce aux reformes de leurs économies de manière prudente pendant cette dernière décennie, ce qui a permis l’allègement de la dépense publique, la maîtrise de l’inflation (en dessous de 10 %), et la dépréciation du taux de change réel pour rétablir la compétitivité.
Il a toutefois mis en garde contre un excès de confiance en ce qui concerne les perspectives d’avenir.
L’Afrique reste éminemment vulnérable à des perturbations économiques qui peuvent avoir des origines très diverses, telles les fluctuations des prix des matières premières, les catastrophes naturelles ou la forte dépendance à l’égard des transferts de fonds des travailleurs émigrés.
Pour sa part, l’enseignant chercheur, Marc Raffinot, a évoqué quatre pistes d’analyse relatives aux conséquences de la crise: le flot des capitaux privés qui passe à la hausse, le transfert d’argent des travailleurs migrés qui s’amincit, car ceux-ci ne gagnent plus assez pour en envoyer beaucoup à leurs familles, la chute du prix des barils au niveau mondial et enfin, la baisse de l’assistance des pays riches au développement des pays pauvres car, leur enveloppe financière se réduit de plus en plus.
Sur ce registre de l’aide, l’intervenant évoque une baisse drastique de celle-ci car la crise économique va impacter les situations nationales dans les pays européens sur les plans de la croissance économique, des investissements, de la distribution du crédit aux ménages et aux entreprises de façon négative. La charité bien ordonnée nécessite que les pays occidentaux donateurs se consacrent d’abord à leurs populations. L’aide qui avait déjà commencé à se réduire, a diminué encore davantage mais sans disparaitre, car les occidentaux ont besoin, malgré les difficultés, de réaffirmer leur influence en Afrique, conclut-il