Le travail de l’Instance Equité et Réconciliation, une expérience pionnière en termes de justice transitionnelle (Symposium international)
Le travail accompli par l’Instance Equité et Réconciliation constitue une expérience pionnière en termes de justice transitionnelle, ont affirmé, vendredi à Rabat, les participants au symposium international sur la justice transitionnelle.
Dans ce sens, Rémy Ngoy Lumbu, président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples relevant de l’Union Africaine (UA), a indiqué que l’Instance Equité et réconciliation a joué un rôle avant-gardiste dans le domaine de la justice transitionnelle au Maroc, ce qui a favorisé l’accomplissement d’importants résultats en la matière.
Les recommandations de l’Instance ont donné naissance à de nombreuses réformes sur les plans politique, judiciaire et constitutionnel, notamment en termes de renforcement des droits de l’Homme et d’harmonie avec les critères internationaux en la matière, affirmant que ces réformes ont posé les fondements d’un parcours marocain unique en son genre.
M. Ngoy a également saisi cette occasion pour présenter l’expérience de la Commission qu’il préside, insistant sur la nécessité d’adopter plusieurs procédures au niveau africain afin de pouvoir concrétiser la justice transitionnelle dans les pays qui ne l’ont pas encore instauré, étant donné que celle-ci équivaut à une feuille de route pour la justice juridique ayant déjà obtenu d’importants résultats.
Dans une allocution enregistrée, Omar Zniber, président du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, a précisé que cette rencontre est une occasion idoine pour souligner les acquis réalisés par l’Instance Equité et Réconciliation, ainsi que les défis rencontrés par la société internationale en termes de justice transitionnelle.
Par ailleurs, M. Zniber a réaffirmé l’importance de la tenue de cette rencontre qui intervient dans une conjoncture mondiale marquée par des conflits et des guerres, entraînant l’enrôlement militaire, le déplacement des populations et les violations des droits de l’Homme, indiquant que la justice transitionnelle qui contribue à l’instauration de la justice et de la démocratie, requiert de fédérer davantage les efforts afin de répondre aux enjeux qui s’y rattachent.
Avec l’instauration de l’Instance Equité et Réconciliation, le Maroc a franchi un palier essentiel dans la mise en œuvre et la concrétisation de ses engagements, a-t-il précisé, notant que le Royaume est un modèle à suivre en termes de réalisation des avancées nécessaires permettant de consacrer les droits de l’Homme, reflété notamment dans la Constitution du Royaume et les procédures de mise en œuvre de l’ensemble des conventions internationales signées.
M. Zniber a aussi rappelé l’engagement du Maroc dans la mise en œuvre de plusieurs réformes dans le domaine des droits de l’Homme, affirmant la nécessité de se remémorer de toutes les leçons acquises, à la fois au Maroc et dans les autres pays du monde, tout en continuant à œuvrer pour un avenir meilleur.
Dans une allocution similaire, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a précisé que la confiance, l’équité et la justice sont le socle sur lequel repose le travail de réconciliation, saluant la détermination et l’engagement continus du Royaume du Maroc, à travers ses différentes parties prenantes gouvernementales et non gouvernementales, à parvenir à des solutions efficaces à ces enjeux.
L’écrivain et Prix Nobel de littérature, Wole Soyinka a, quant à lui, passé en revue les différentes initiatives et démarches entreprises par différents pays africains tels que le Rwanda, le Nigéria et le Soudan, afin de reconstruire leurs sociétés après les épisodes tragiques vécues.
Dans ce sens, le Prix Nobel de littérature a notamment insisté sur la nécessité d’intégrer les méthodologies traditionnelles dans les différentes approches de réconciliation sociale, affirmant qu’il est primordial de « réharmoniser les sociétés en réconciliant les mémoires », en permettant aux jeunes générations de se reconnecter à leur passé.
L’événement se penche, deux jours durant, sur des thématiques liées aux processus de la justice transitionnelle, y compris les éventuelles interactions entre cette dernière et les réformes constitutionnelles, législatives et judiciaires. Il mettra également en lumière le rôle des institutions publiques et des organisations de la société civile dans ce processus et dans la mise en œuvre des recommandations issues des instances de la justice transitionnelle, en plus des questions de mémoire.
Prennent part à ce Symposium un parterre de responsables marocains et étrangers représentant le gouvernement, le Parlement, le système judiciaire, les institutions nationales des droits de l’Homme, les mécanismes nationaux de prévention de la torture, ainsi que des responsables de l’ONU, de l’Union africaine, et des représentants d’organisations de la société civile, des experts et des intellectuels.