Le Sénat français sur le point de voter la réforme de l’accès à l’université

Le Sénat devait adopter jeudi soir la réforme des règles d’entrée à l’université, qui supprime le tirage au sort, après avoir prévu une meilleure prise en compte des débouchés.

Entamé mercredi, le débat en première lecture sur le projet de loi qui vise aussi à réduire le taux d’échec en première année de fac (61 % en licence) devait s’achever dans la nuit.

Le projet de loi fera ensuite l’objet d’une commission mixte paritaire chargée de trouver une version commune avec l’Assemblée nationale. En cas de désaccord, les députés ont le dernier mot.

Le texte valide la nouvelle plateforme d’inscription Parcoursup, accusée à gauche d’instaurer la sélection. Avec ce dispositif, chaque université traitera la demande d’inscription de manière personnalisée et répondra au vu des compétences et connaissances requises pour être admis dans la filière souhaitée.

Les sénateurs ont suivi leur rapporteur Jacques Grosperrin (LR) qui, en commission, a introduit un amendement destiné à définir les capacités d’accueil en licence en fonction du taux de réussite et de l’insertion professionnelle.

"Ce ne sont pas les voeux des candidats qui doivent guider les choix d’ouverture de places dans les filières de l’enseignement supérieur mais les débouchés professionnels réels qui s’offrent aux diplômés", a souligné l’élu du Doubs.

"La sélection est une chance", a-t-il dit. "Elle représente une solution juste et égalitaire, profondément républicaine, gage de réussite pour les étudiants".

Au contraire, pour Pierre Ouzoulias (CRCE, à majorité communiste), c’est l’ensemble du projet de loi qui "termine de légaliser la sélection à l’entrée de l’université" et qu’il faut combattre. "Le gouvernement fait le choix de restreindre l’accès à l’université en maintenant l’enseignement supérieur dans un état budgétaire critique, plutôt que de mener une politique ambitieuse de réinvestissement dans l’enseignement supérieur", a-t-il accusé.

‘Sélection déguisée’

"Nous sommes opposés à toute idée de sélection, qu’elle soit sauvage, institutionnelle ou déguisée", a souligné Sylvie Robert (PS). "Nous ne pouvons qu’approuver le dispositif d’accompagnement et les parcours individualisés mis en place", a-t-elle dit, "mais les mesures d’accompagnement nécessitent des moyens financiers".

Colette Mélot (Les Indépendants) a pour sa part qualifié de "mesure de bon sens" la proposition de M. Grosperrin tandis que, pour Laurent Lafon (UC), "le taux d’échec à l’université illustre les défauts qui subsistent dans notre système d’orientation".

En séance, les sénateurs ont adopté un amendement de Michel Savin (LR) étendant aux étudiants sportifs de haut niveau auxquels serait refusée une inscription dans une zone géographique déterminée le droit de demander à l’autorité académique de réexaminer leur candidature.

Ils ont également prévu une meilleure information, dans les départements d’outre-mer, des candidats aux formations du premier cycle sur les opportunités existantes hors du territoire régional, notamment en France métropolitaine et dans l’Union européenne.

Ils ont aussi permis aux établissements d’enseignement supérieur le report jusqu’au 1er janvier 2020 de l’inscription de leurs formations à la plateforme Parcoursup.

Par ailleurs, ils ont donné la possibilité à ces établissements de décider un tarif spécifique de droits d’inscription pour les étudiants étrangers, hors Union européenne.

Les membres du groupe CRCE avaient déposé un recours en référé auprès du Conseil d’État pour obtenir la suspension de l’arrêté qui met en place Parcoursup.

Le groupe "agit ainsi pour contraindre le gouvernement à respecter les droits du Sénat et pour réaffirmer son attachement au libre accès des bacheliers à l’enseignement supérieur qui est une des composantes majeures du pacte républicain", avait-il indiqué. (afp)

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