Pour le 35e mardi consécutif dans les rues du centre d’Alger, des centaines d’étudiants ont encore défilé, réclamant l’annulation de l’élection ainsi que la libération des détenus arrêtés en lien avec le mouvement.
Dans un message à l’occasion de la Journée nationale de la presse, relayé par l’agence de presse officielle APS, M. Bensalah, qui a pris début avril l’intérim du président Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission par la rue après 20 ans de pouvoir, a appelé les Algériens à "un sursaut national" et à "se rendre massivement aux urnes".
Pressé par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, incarnation du haut commandement militaire, véritable organe de décision depuis le départ de M. Bouteflika, M. Bensalah a convoqué le 12 décembre une présidentielle pour élire un successeur à celui-ci et sortir le pays de la crise politique dans laquelle il est englué.
Mais selon des observateurs, la participation s’annonce extrêmement faible, alors que le Hirak continue de dénier au pouvoir actuel – issu de l’appareil de la présidence Bouteflika – la légitimité d’organiser des élections et de réclamer des institutions de transition avant tout scrutin.
M. Bensalah a estimé mardi que le pouvoir avait répondu favorablement à "la plus grande partie des revendications exprimées par notre peuple lors de son Hirak", né le 22 février et qui pourtant ne faiblit pas.
Les manifestants continuent de réclamer massivement chaque semaine le départ de l’ensemble du "système" au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962, dont celui de M. Bensalah et du général Gaïd Salah, deux quasi-octogénaires régulièrement conspués.
Le chef de l’Etat par intérim, qui s’exprime rarement, a exprimé sa "gratitude" à l’"Armée et particulièrement à son Commandement, qui a veillé à mettre l’Algérie à l’abri de toute manœuvre périlleuse".
Comme le général Gaïd Salah récemment, il a mis en garde ceux qui voudraient "perturber le processus électoral (…) semer la confusion ou (…) provoquer des entraves".
"Le statu quo ne sert nullement notre peuple, et les medias, tous supports confondus, ont un important rôle à jouer pour contribuer à la réussite du processus électoral", a conclu le chef de l’Etat.
Dans le même temps mardi, des étudiants ont défilé dans le centre d’Alger aux cris de "Bye, bye (Ahmed) Gaïd Salah" ou "Pas de vote cette année".
"Ces élections vont perpétuer la survie du régime alors que nous réclamons son départ", a expliqué Hassan, un fonctionnaire à la retraite, qui s’est joint aux étudiants.
Ceux-ci ont également appelé à la libération des "détenus politiques et d’opinion", arrêtés depuis juin en lien avec le Hirak. Le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association, en recense une centaine.
Pour Ghilas, étudiant à la faculté de droit d’Alger, pas question d’aller voter alors que ses "camarades sont en prison pour avoir manifesté ou brandi le drapeau amazigh".
Selon plusieurs posts et vidéos sur les réseaux sociaux, un groupe d’étudiants est parvenu à se rassembler devant le tribunal du centre d’Alger, où six manifestants sont jugés mardi.
Arrêtés en juin en possession de drapeaux amazighs (berbères), ils sont accusés d’"atteinte à l’intégrité du territoire national" –pour avoir brandi un drapeau amazigh–, crime passible de dix ans de prison.
Deux ans de prison ferme ont été requis mardi contre trois des accusés, selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).