Le Premier ministre turc appelle ses partisans à se rassembler
Face à l’extension du mouvement, le Premier ministre islamo-conservateur semble décidé à relancer l’épreuve de force en mobilisant ses partisans. Dans la seule journée d’hier, il a tenu cinq meetings, deux dans les villes de Mersin et Adana (dans le sud) et trois à Ankara, galvanisant ses troupes. «Il n’y a plus que sept mois jusqu’aux élections locales. Je veux que vous donniez à ces gens une première leçon par des voies démocratiques, dans les urnes», a-t-il lancé à Adana, fustigeant à nouveau les «terroristes» et les «voyous».
"Samedi, êtes-vous prêts pour une grande réunion à Ankara ?(…) Le lendemain, nous aurons la réunion d’Istanbul", a lancé le Premier ministre à la foule qui l’acclamait à Ankara. Avec des accents volontiers populistes, le tribun a, lors de son arrivée à l’aéroport d’Ankara, dénoncé les complots contre le pays : ceux des vieilles élites kémalistes, de l’étranger, de la finance – «ces lobbys des taux d’intérêts à qui nous ferons payer très cher leur spéculation contre le pays».
A quelques kilomètres de là, la police anti-émeute utilisait des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser des manifestants rassemblés sur une place dans le centre de la capitale.Les opposants continuent à réclamer le limogeage des responsables de la violente répression des précédents rassemblements et l’abandon du projet de réaménagement de la place Taksim, dans le centre d’Istanbul.
La formation d’Erdogan, l’AKP, qui a remporté la moitié des voix aux élections de juillet 2011 – sa troisième victoire consécutive, améliorant à chaque fois son score -, il le présente comme «le parti des 76 millions» de Turcs. Lançant :«Vous aimez la démocratie, venez me parler, mais ne vous laissez pas entraîner par ceux qui veulent vous embarquer dans leur guerre idéologique.» Le leader turc multiplie les apparitions devant ses partisans pour regagner du terrain dans la guerre de communication et d’image qui se joue avec les manifestants de Taksim.
L’AKP a d’ores et déjà prévu de récidiver avec deux réunions publiques de masse, samedi à Ankara et le lendemain à Istanbul, officiellement pour lancer la campagne des élections municipales de mars 2014. La stratégie de confrontation adoptée par Recep Tayyip Erdogan suscite des inquiétudes. Le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk a lui-même confié son désarroi. «Je suis préoccupé car il n’y a toujours pas en vue de signes d’un dénouement pacifique», a déclaré l’écrivain lors d’une conférence à Rome, affirmant «comprendre la façon de protester des gens».