Le premier cercle d’Obama se disperse

Les conseillers du président américain démissionnent les uns après les autres.

Les experts du fonctionnement interne de la Maison-Blanche ne manquent jamais de souligner l’importance du «premier cercle» de Barack Obama. Si le président consulte beaucoup et tous azimuts, c’est vers ses fidèles qu’il se tourne en dernier ressort, dans l’intimité du Bureau ovale, pour affiner ses opinions avant de prendre ses décisions les plus délicates, comme le faisait jadis John F. Kennedy.

Dans ce tout premier cercle d’à peine cinq ou six proches se situent le chef de l’Administration présidentielle Rahm Emanuel, le principal conseiller politique d’Obama David Axelrod, son conseiller de presse Robert Gibbs, sa conseillère spéciale et amie Valerie Jarrett et le vice-président Joe Biden. Dans le monde soigneusement ordonné du 1600 Pennsylvania Avenue, ces collaborateurs sont sans doute les seuls à pouvoir pousser la porte du bureau présidentiel sans rendez-vous. Mais, alors qu’un ménage plus général se prépare à la présidence dans le sillage des élections de mi-mandat, la petite équipe est en passe de se disloquer, autant pour des raisons de stratégie politique que des motifs personnels.

Premier candidat au départ, Rahm Emanuel, chef de l’Administration et pièce maîtresse du dispositif présidentiel, qui avait apporté dans ses bagages son énergie inépuisable, ses nombreux contacts au Congrès et son expérience passée à ce même poste sous Bill Clinton. L’annonce soudaine du maire de Chicago, Richard Daley, qu’il renoncerait à la direction de la ville en février 2011 a soudain ouvert un boulevard pour Emanuel, politicien chicagoan, qui rêve d’occuper ce poste. «Rahm ferait un maire formidable», assurait d’ailleurs récemment Obama. Certains observateurs estiment qu’Emanuel n’a pas été aussi performant qu’il l’aurait fallu à la Maison-Blanche, sa stratégie de dialogue avec les républicains ayant largement échoué. Mercredi, le porte-parole de la présidence Robert Gibbs notait toutefois que la décision de Rahm «n’était pas prise». Le Washington Post avançait pourtant déjà les noms de successeurs potentiels : le chef adjoint du Conseil de sécurité nationale Thomas Donilon, le conseiller spécial du président Peter Rouse ou son conseiller juridique Bob Bauer. Voire l’officier de liaison avec le Congrès Phil Schiliro ou l’ancien chef de la majorité démocrate au Sénat Tom Daschle, un visiteur fréquent du Bureau ovale.

Besoin de « sang neuf»

Le fidèle David Axelrod, cerveau de la campagne de 2008 et conteur doué de la «geste Obama», serait également sur le départ. Le président souhaiterait lui permettre de retrouver sa famille restée à Chicago, et de reprendre son souffle avant la présidentielle de 2012. Robert Gibbs ou Valerie Jarrett pourraient le remplacer. Autre départ probable : celui du général James Jones, qui aurait annoncé son désir de quitter ses fonctions de conseiller à la sécurité nationale fin décembre. Là encore, le nom de son adjoint Thomas Donilon est cité.

L’équipe économique va elle aussi changer de visage, avec le départ annoncé du principal conseiller économique d’ObamaLarry Summers, qui va repartir pour l’université de Harvard à la fin de l’année. La présidente du «Conseil des conseillers économiques» Christine Rohmer a déjà quitté son poste cet été, comme le directeur du Budget Peter Orszag.

Selon le Washington Post, le président Obama n’est pas grand amateur de changements, préférant travailler avec les gens qu’il connaît. Cette préférence explique que les noms qui circulent soient pour beaucoup ceux de collaborateurs déjà à ses côtés. Mais certains observateurs démocrates jugent que le président aura besoin de «sang neuf» pour le deuxième «chapitre» de son premier mandat, surtout si les républicains prennent le contrôle du Congrès. Il va lui falloir ajuster sa politique économique pour répondre à l’anxiété populaire et au défi d’un chômage de plus de 9 %. Il devra aussi changer de méthode face à un Congrès qui s’annonce turbulent, sous la pression du mouvement anti-establishment Tea Party.

Jeudi, dans le New York Times, l’éditorialiste Matt Bai mettait en garde contre une Maison-Blanche dont tous les occupants continuaient de partager la même vision «insulaire» de la situation. Peut-être le président devrait-il aller chercher à l’extérieur le remplaçant de Rahm Emanuel, suggérait Bai, évoquant les noms de l’ancien gouverneur de Virginie Tim Kaine ou celui du gouverneur sortant de Pennsylvanie Edward Rendell. Deux hommes de terrain, confrontés aux humeurs changeantes de l’opinion.

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