Dans tous les rounds de négociations de ce dossier vieux de plus de quarante ans, l’Algérie était omniprésente avec son arsenal diplomatique et ses ressources financières. De tous les pays limitrophes de cette crise, elle était la seule qui a dévoué son destin, mobilisé ses énergies à donner une réalité à un séparatisme fantasmé, à tenter de lui trouver des parrains internationaux et à lui acheter des sympathies et des aides.
Cette réalité est tellement flagrante que le seul domaine international dans lequel l’Algérie fait entendre sa voix est celui de son soutien au Polisario. Peu importe que la région du Sahel soit menacée par les organisations terroristes, que celle du Golfe par une guerre fratricide, que le conflit israélo-palestinien s’enlise dans le désespoir, que la Méditerranée soit menacée de déstabilisation à cause des crises migratoires, que la Lybie voisine soit en pleine décomposition…Sur toutes ces crises, la diplomatie algérienne est aphone. Mais dès qu’il s’agit d’alimenter et de couver le séparatisme, elle reprend de la vigueur dans une sorte d’obsession pathologique.
Aujourd’hui, une des spécificités marquantes de l’époque est que les discours se clarifient. Si la communauté internationale, Nations-unies en tête, veut trouver une issue à cette crise, la solution n’est pas dans quelques arguties de circonstances aussi loquaces soient-elles. Elle réside dans l’incontournable nécessité d’organiser un face à face de négociation directe, à huis clos sous l’égide de l’ONU entre le Maroc et l’Algérie. Tout le reste ne serait que postures, faux semblants et ombres chinoises dont l’objectif manifeste est de faire durer une crise et donc une menace de déstabilisation d’ampleur régionale. Même si la réalité d’une totale implication algérienne dans cette crise n’est plus à démontrer, la diplomatie de ce pays continue de vendre une épaisse langue de bois sur une pseudo neutralité et une auto-détermination régionale chimérique.
Le Royaume a raison d’alerter les grandes consciences, de sonner le tocsin et de nommer les paramètres de cette crise. Les possibles évolutions militaires du terrain destinées à la base à créer des faits accomplis n’opposeront plus une armée régulière marocaine face à des groupes séparatistes armés par Alger comme cela avait été le cas avant le cessez le feu des années 90, mais le risque est grand de voir une déflagration régionale prendre le dessus et provoquer une grande déstabilisation dont ni la Méditerranée, ni l’Europe ni l’Afrique n’ont besoin en ce moment de grandes menaces sécuritaires.
Pour plusieurs centres de réflexions et d’analyses, il a été démontré la jonction inévitable entre des groupes de séparatistes armés par l’Algérie et des réseaux de mafia et de terrorisme très actifs dans cette région depuis que la digue libyenne a cédé et depuis surtout que les organisations terroristes de la région du Sahel ont été instrumentalisées comme des outils d’influence.
Aujourd’hui plus que jamais l’axe Rabat/ Alger s’avère déterminant pour tenter de dégoupiller cette tension et mettre la région sur de bonnes rails. Les capitales européennes et africaines concernées directement par les indicibles impacts d’une telle déflagration doivent mettre leurs énergies en œuvre pour créer les conditions où le régime algérien abandonne sa pyromanie et s’installe à la table de négociations pour trouver une issue à cette crise. Ce qu’il y a à gagner de cette pax maroco-algérienne est d’une valeur inestimable en termes de stabilité et de développement pour le Maghreb que les conséquences imprévisibles d’une hémorragie militaire.