Le pape François dénonce les « atrocités terroristes » contre le « patrimoine des peuples »
Le pape François a dénoncé vendredi les « atrocités terroristes » qui « détruisent le patrimoine des peuples » dans son message de Noël « Urbi et orbi », à l’issue d’une année marquée par la menace jihadiste et une vague migratoire vers les pays développés.
Dans ce troisième message de Noël de son pontificat, le chef de l’Eglise a condamné "les atroces actions terroristes sous les cieux d’Egypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis" et dénoncé le fait que le terrorisme jihadiste "n’épargne pas le patrimoine historique et culturel de peuples entiers".
Les exactions du groupe Etat islamique (EI) ont été aussi dénoncées par l’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, chef spirituel des anglicans. L’EI est le "Hérode d’aujourd’hui" (le roi qui, selon la tradition chrétienne, a ordonné le massacres des innocents au moment de la naissance de Jésus) et "menace d’éradiquer les chrétiens" au Moyen-Orient, a-t-il souligné.
François a apporté son plein appui aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui s’efforcent d’aider au retour de la paix en Syrie et en Libye: "Que l’entente intervenue au sein des Nations unies parvienne le plus tôt possible à faire taire le vacarme des armes en Syrie. Il est aussi urgent que l’accord sur la Libye obtienne le soutien de tous" les protagonistes.
Alors que de nouvelles violences endeuillent la Cisjordanie, François a demandé aux Palestiniens et Israéliens de reprendre "un dialogue direct", rappelant que leur conflit a "de graves répercussions" sur le Moyen-Orient.
Il a lancé un nouvel appel insistant pour l’ouverture des sociétés occidentales aux migrants et réfugiés du sud, demandant d’"abondantes bénédictions pour tous ceux, qui, simples particuliers et Etats, s’emploient avec générosité à les secourir et les accueillir (…), les aidant à s’intégrer".
Jorge Bergoglio a aussi rappelé le sort des chrétiens "persécutés dans de nombreuses parties du monde à cause de leur" foi, "qui "sont nos martyrs d’aujourd’hui".
– Fidèles plus clairsemés à Rome –
Les conflits et tensions en Irak, an Yemen, en RDCongo, au Burundi, au Sud-Soudan, et les efforts de paix en Ukraine et en Colombie, ont été aussi mentionnés dans le message.
Il s’est conclu par une bénédiction solennelle et par l’octroi d’une "indulgence" pour le pardon des péchés. Ce message est toujours l’occasion pour les papes de dénoncer année après année des situations de conflit et d’injustice de particulière intensité.
A Paris, où des attentats revendiqués par l’EI ont fait 130 morts le mois dernier, la sécurité avait été renforcée à l’entrée des églises.
Et autour du Vatican, les fidèles étaient aussi plus clairsemés, la peur d’hypothétiques attentats ayant entraîné de nombreuses annulations de voyages.
Les patrons de restaurants se plaignaient d’une saison particulièrement creuse, en dépit du "Jubilé de la miséricorde" ouvert le 8 décembre. Soldats, gendarmes et policiers étaient déployés en grand nombre.
Dans son homélie de la messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, François avait exhorté jeudi soir les 1,2 milliard de catholiques à chercher le "sens de la justice" et "la sobriété".
"Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice. Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d’abondance et de luxe, d’apparence et de narcissisme, Dieu nous appelle à un comportement sobre", a lancé le pape argentin.
En novembre, le pape avait dénoncé un monde qui "n’a pas pris la voie de la paix". "Il va y avoir des lumières, des fêtes, des arbres illuminés et aussi des crèches… Tout est feint!", avait dit Jorge Bergoglio, qui dénonce souvent "une troisième guerre mondiale par morceaux".