Le pape fait ses adieux à la veille de sa démission


Les scandales pèseront sur le conclave chargé d’élire le pape

Benoît XVI a fait mercredi des adieux chargés d’émotion pour sa dernière audience générale, soulignant la gravité de sa décision d’être le premier pape à démissionner depuis des siècles et disant le faire "pour le bien de l’Eglise".

"J’ai pris cette décision en pleine conscience de sa gravité et de sa rareté mais aussi avec une profonde sérénité d’esprit", a déclaré Benoît XVI à la veille de son départ, devant une foule estimée à 150.000 personnes rassemblées place Saint-Pierre.

Bien que renonçant à ses fonctions, BenoÂŒt XVI a dit qu’il resterait au service de l’Eglise par la prière. Il a invité les fidèles à prier pour les cardinaux qui auront la "lourde tâche" de désigner son successeur, ainsi que pour ce dernier.

Le pape a souligné que son pontificat inachevé, qui aura duré à peine huit ans, avait eu ses moments de joie, mais aussi de difficultés.

A ces moments-là, "c’était comme si le Seigneur dormait", a-t-il dit, fréquemment interrompu par les applaudissements. "Il y a eu des moments où les eaux étaient agitées et où il y avait des vents contraires", a admis le pape, tout de blanc vêtu et assis sur un trône couleur ivoire sur les marches de la basilique Saint-Pierre.

Aimer l’Eglise, a-t-li dit, c’est "avoir le courage de faire des choix difficiles et dans l’angoisse, en ayant toujours à l’esprit le bien de l’Eglise et pas soi-même".

Le pape, qui est âgé de 85 ans, s’estime trop âgé et trop faible pour continuer à diriger une église éclaboussée par une série de scandales – pédophilie, VatiLeaks, Banque du Vatican, etc. – et en proie à des rivalités au sein de la Curie.

Les scandales pèseront sur le conclave*

Les scandales qui ont ébranlé le Vatican devraient peser sur le conclave appelé à désigner le successeur du pape BenoÂŒt XVI, deux cardinaux ayant demandé à ce que cette question fasse l’objet de débats au sein de l’Eglise catholique.

Le scandale des abus sexuels dans l’Eglise a pris une nouvelle urgence après la démission lundi du cardinal Keith O’Brien, archevêque d’Edimbourg, pour "comportement inapproprié" avec de jeunes prêtres. Il ne participera pas au conclave chargé de choisir le nouveau souverain pontife. (voir )

Le cardinal Cormac Murphy-O’Connor, désormais seul prélat britannique devant participer aux discussions entre cardinaux d’avant conclave la semaine prochaine au Vatican, a déclaré à Londres que les agressions sexuelles sur enfants constituaient le scandale le plus grave au sein de l’Eglise.

"C’est l’une des principales choses dont discuteront les cardinaux", a-t-il dit. Cormac Murphy-O’Connor ne votera pas au conclave car il a dépassé les 80 ans, mais il peut participer aux discussions à huis clos avec les cardinaux-électeurs concernant les défis que devra relever le prochain pape.

Le cardinal français Jean-Louis Tauran a estimé pour sa part, dans un entretien à la presse, que les cardinaux-électeurs, au nombre de 115 compte tenu de la démission de Keith O’Brien, devaient également être informés du rapport secret préparé pour BenoÂŒt XVI sur la corruption au Vatican.

Le pape avait choisi de réserver la teneur du rapport à son successeur, mais les trois cardinaux âgés de plus de 80 ans qui ont rédigé ce document vont être autorisés à révéler aux cardinaux-électeurs certaines de leurs conclusions.

"Les cardinaux-électeurs ne peuvent pas décider de porter leur choix sur tel ou tel nom s’ils ne connaissent pas le contenu de ces documents", a déclaré Jean-Louis Tauran au quotidien italien La Repubblica.

"Si c’est nécessaire, je ne vois pas pourquoi ils ne devraient pas demander des noms", a jouté Jean-Louis Taura, président du Conseil pontifical pour le dialoque interreligieux depuis 2007.

La presse italienne spécule sur les complots et affaires de moeurs au Vatican susceptibles d’avoir été à l’origine de la décision du pape de renoncer à ses fonctions. Le Vatican a accusé la presse de diffuser des "fausses nouvelles" pour tenter d’influencer les cardinaux qui commencent à arriver à Rome pour faire leurs adieux à BenoÂŒt XVI jeudi.

Parallèlement aux propos de ces deux cardinaux, deux responsables du réseau américain SNAP (Survivors Network of those Abused by Priests/Réseau des survivants de ceux qui ont été violés par des prêtres) sont arrivés à Rome mardi. Ils veulent attirer l’attention sur leur demande d’une sévérité accrue sur ces questions.

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