Dans un entretien, publié par "Le Point", l’ancien Premier ministre a estimé qu’il est aujourd’hui tellement plus facile de détruire que de construire.
"En quelques jeudis ou dimanches, l’Europe peut se détruire, alors qu’il a fallu de multiples petits pas faits par quelques grands hommes pour la construire" et "au moment où le monde s’organise autour des pays continents, il est dangereux que nous engagions la déconstruction du nôtre".
Pour Jean-Pierre Raffarin, l’une des raisons du vote britannique s’expliquerait principalement par les flux migratoires dont "l’Europe est, à tort, jugée responsable", estimant que "L’Europe n’a jamais été l’enjeu de ce scrutin, l’enjeu de ce scrutin a principalement été la protection du Royaume-Uni face aux migrants".
Selon lui, "la probabilité d’un vote anti-européen en France est extrêmement forte, c’est pour cela qu’il est absurde de proposer un référendum sans au préalable définir un projet", ajoutant que "ce serait être complice de la déconstruction de l’Europe, dans un monde qui n’a jamais été aussi dangereux depuis la Seconde Guerre mondiale".
S’agissant de l’idée d’un nouveau projet européen, il a affirmé que "dans l’état de faiblesse de l’Europe en général et de la France en particulier, il sera difficile de dégager des idées et des forces qui entraîneront. La tâche sera extrêmement longue et difficile".
Il a noté, par ailleurs, que la France et l’Allemagne devraient s’atteler rapidement pour une démarche à deux niveaux : le premier "pour définir les missions prioritaires de la nouvelle Europe, et les conditions d’exercice de ces missions" et le second au plan bilatéral par la mise en commun de "quelques intérêts nationaux que nous sommes d’accord pour partager, par exemple la recherche, la formation professionnelle, l’agriculture, certains aspects de la politique de sécurité".