L’Algérie est « plongée dans l’incertitude » au lendemain des élections législatives, qui ont été “boudées” par la population, écrit lundi le quotidien français Le Monde.
L’annonce officielle d’un taux de participation de 30,2 % a suscité « la perplexité générale » alors que l’affluence n’a pas submergé les bureaux de vote, note le journal.
“Comment d’ailleurs inventer une affluence, alors que (…), les électeurs se succèdent au compte-gouttes ?”, s’interroge le Monde.
En fin de soirée, l’annonce par l’Agence nationale indépendante des élections (ANIE) d’un taux de participation de 30,2 % a suscité la “perplexité générale” alors que le chiffre n’était que de 14,5 % à 16 heures, relève le journal, qui se demande encore si le chiffre aurait doublé dans les toutes dernières heures de la journée électorale dans “un sursaut civique inespéré”.
Selon le Monde, ce “faible” taux de participation, comparé à l’élection présidentielle de décembre 2019 (39,93 %) et aux précédentes législatives de 2017 (35,70 %), “ne va pas moins peser sur la crédibilité du futur Parlement et donc sur le scénario officiel de sortie de crise”.
« Quelle peut être la légitimité de ce Parlement alors que le peuple a rejeté dans sa majorité écrasante ces élections ? », s’interroge Zoubida Assoul, dirigeante du parti d’opposition Union pour le changement et le progrès (UCP) qui avait appelé, à l’instar des figures du Hirak, à boycotter le scrutin, souligne le journal.
Selon cette figure de l’opposition, « non seulement le scrutin ne règle pas la crise, mais il risque au contraire de l’aggraver ».
Le Monde a également rappelé que que d’autres formations politiques comme le parti d’opposition Union pour le changement et le progrès (UCP) avait appelé, à l’instar des figures du Hirak, à boycotter le scrutin. D’autres par contre ont accepté de « jouer le jeu du scénario institutionnel offert par le régime », c’est le cas de Jil Jadid (génération nouvelle), qui estime qu’ « il y avait là une chance à saisir pour sortir de l’impasse dans laquelle l’Algérie est plongée depuis deux ans ».
Pourtant, au lendemain du scrutin, son président Soufiane Djilali était « particulièrement amer ». Selon lui, « le scrutin n’a pas entraîné l’adhésion populaire” et consacre « le retour des anciens appareils ».
« L’Algérie vient de gâcher une occasion de s’engager dans une étape nouvelle », a-t-il déploré, affirmant que « la minorité qui a voté est une minorité clientélisée », faisant porter la responsabilité au boycottage de l’opposition. « Ceux qui ont pris en otage le Hirak et ont refusé de participer au scrutin ont permis ce retour de l’ancien système », dénonce le président de Jil Jadid, cité par le Monde.