La visite d’Obama à Hiroshima ravive la colère des victimes coréennes de la Bombe A
Un groupe représentant les victimes coréennes des bombardements nucléaires américains au Japon a manifesté jeudi, à la veille de la visite historique de Barack Obama à Hiroshima, en affirmant que leurs souffrances étaient oubliées.
La péninsule coréenne était depuis son annexion en 1910 une province japonaise. Et la plupart des victimes coréennes des bombardements nucléaires avaient soit été enrôlées de force dans l’armée impériale, soit envoyées aux travaux forcés.
L’association considère donc que les Coréens furent des victimes multiples, demandant des excuses non seulement des Etats-Unis, mais aussi du Japon.
Une vingtaine de membres de l’Association -parmi lesquels des survivants et des proches de victimes- se sont rassemblés jeudi à Séoul devant l’ambassade des Etats-Unis.
"Présentez vos excuses aux victimes coréennes de la Bombe atomique", pouvait-on lire sur une pancarte.
Barack Obama, qui sera vendredi le premier président américain en exercice à se rendre à Hiroshima, a clairement fait savoir qu’il n’entendait par prononcer d’excuses, laissant aux historiens le soin de se pencher sur ce chapitre.
En Corée du Sud, beaucoup s’inquiètent de ce que cette visite mette l’accent sur les souffrances infligées au Japon, plutôt que sur les crimes commis par l’empire.
Les 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques étaient larguées sur Hiroshima et Nagasaki faisant au total quelque 214.000 morts et poussant le Japon à capituler.
"Le monde croit que le Japon fut la victime des bombes atomiques, mais c’est faux", a déclaré Shim Jin-Tae, 73 ans, près de l’ambassade.
"Le Japon est le pays qui a commencé la guerre, les Coréens sont les victimes de la bombe atomique", a déclaré M. Shim, qui avait deux ans, et se trouvait à Hirochima, quand la première bombe est tombée.
Ses parents avaient été déportés au Japon pour le travail forcé.
A l’issue de la manifestation à Séoul, une délégation de victimes coréennes doit s’envoler pour le Japon pour participer à une cérémonie vendredi à Hiroshima près d’un petit mémorial aux victimes coréennes.
Les proches de ces dernières et les survivants en veulent également à leur propre gouvernement, coupable selon eux de les avoir ignorés, car leurs souffrances ne servaient pas la ligne officielle selon laquelle les bombardements atomiques furent nécessaires pour mettre le Japon à terre. (Source AFP)