Une élection présidentielle anticipée pourrait avoir lieu dès le 15 septembre.
En hommage au président décédé jeudi à l’âge de 92 ans, de nombreux journaux arboraient des Unes en noir et blanc pour le deuxième jour consécutif, le quotidien arabophone Le Maghreb titrant "Adieu Mr le Président".
La chaîne nationale diffusait des versets du coran.
Des policiers étaient déployés le long du trajet que doit emprunter le cortège funéraire, une vingtaine de kilomètres entre le palais présidentiel de Carthage qu’Essebsi occupait depuis 2014, et le cimetière du Djellaz dans le sud de Tunis.
Une cérémonie officielle est prévue à 11H00 locales (10H00 GMT), en présence du président français Emmanuel Macron, du chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, du président algérien par intérim Abdelkader Bensalah ou encore du secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit.
L’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et le roi Felipe VI d’Espagne, ainsi que le prince Moulay Rachid du Maroc seront également présents, a indiqué le ministère tunisien des Affaires étrangères.
Après une allocution du président par intérim, Mohammed Ennaceur, les chefs d’Etat présenteront leurs condoléances et accompagneront la dépouille vers la sortie du palais présidentiel.
Le cortège funèbre traversera ensuite la capitale pour se diriger vers le cimetière du Djellaz, où Essebsi sera inhumé aux côtés des membres de sa famille.
De nombreux Tunisiens sont attendus dans ce vaste cimetière pour faire leur dernier adieu à leur président, décédé le jour où la Tunisie célébrait la proclamation de la République en 1957.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué avoir déployé un important dispositif de sécurité, tout en respectant les "rassemblements spontanés de citoyens".
"Le président Béji Caid Essebsi appartient au peuple tunisien et chaque Tunisien a le droit d’assister à ses funérailles", a écrit vendredi son fils Hafedh, sur Facebook.
Le Premier ministre Youssef Chahed a anoncé des funérailles "grandioses".
C’est une première pour un président tunisien: le premier dirigeant de la Tunisie après l’indépendance, Habib Bourguiba, avait été enterré en catimini en 2000 sous son successeur Zine-el-Abidine Ben Ali, qui l’avait détrôné. Ce dernier est toujours en exil en Arabie saoudite après avoir été chassé du pouvoir.
Essebsi, qui avait exercé aussi bien sous Bourguiba que sous Ben Ali, a paradoxalement été un acteur crucial dans la stabilisation de la démocratie tunisienne après la révolution de 2011. Mais il laisse derrière lui d’importants dossiers inachevés, dont la consolidation des institutions garantes de cette démocratie.
Transition rapide
La Tunisie a décrété sept jours de deuil en hommage à son président, et des matches de foot ainsi que des évènements culturels ont été annulés.
Le chef du Parlement Mohamed Ennaceur, 85 ans, qui a prêté serment quelques heures après le décès de M. Caïd Essebsi, est chargé d’assurer la présidence par intérim pour 90 jours maximum, soit jusqu’à fin octobre.
L’instance supérieure indépendante chargée d’organiser des élections (Isie) a annoncé jeudi une élection présidentielle anticipée "probable" dès le 15 septembre, au lieu du 17 novembre initialement prévu, ce qui bouleverse le calendrier électoral. Des législatives sont prévues le 6 octobre.
Le calendrier n’a pas encore été confirmé par l’Isie.
De nombreux Tunisiens se sont dit fiers de la transition rapide mise en place dans le pays pionnier des Printemps arabes, dont la fragilité des institutions avait été mise en évidence lors d’une première hospitalisation de M. Essebsi fin juin, qui avait laissé craindre une vacance du pouvoir.
La Tunisie est le seul des pays arabes touchés par les contestations à poursuivre sur la voie de la démocratisation malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et des attaques jihadistes.