Affaiblie depuis décembre, Edmonde Charles-Roux s’est éteinte dans une maison de convalescence, a indiqué Marie Dabadie, porte-parole de l’Académie Goncourt dont la romancière avait été présidente. Elle était la veuve de Gaston Defferre, figure historique de Marseille dont il fut le maire durant de longues années.
Cette grande bourgeoise a toujours cultivé l’anticonformisme. Résistante à Marseille durant l’occupation allemande, elle est affectée par le général de Lattre de Tassigny à son état-major lors du débarquement des troupes françaises en Provence.
Après la Libération, Edmonde Charles-Roux entre à la rédaction du tout nouvel hebdomadaire féminin Elle. Puis elle devient en 1950 rédactrice en chef de l’édition française du magazine Vogue, où elle se lie avec les plus grands artistes. Elle est licenciée en 1966 pour avoir imposé une mannequin noire en couverture… et cultivé des amitiés trop à gauche au goût de ses patrons américains.
En 1955 elle participe à la rédaction de la saga historique "Les Rois maudits" dans l’atelier de son auteur Maurice Druon.
Elle reçoit le prix Goncourt en 1966 pour son premier roman, "Oublier Palerme", devient membre de l’Académie Goncourt en 1983, est élue présidente en 2002. Elle ne cèdera la présidence à Bernard Pivot qu’en 2014.
Le 7 janvier dernier, elle avait démissionné de l’Académie pour raisons de santé, laissant son "couvert" à l’écrivain, dramaturge et metteur en scène Eric-Emmanuel Schmitt.
Ses oeuvres, parmi lesquelles "Elle, Adrienne" (1971, "L’Irrégulière" (1974), biographie de Coco Chanel, "Une enfance sicilienne" (1981), "Un désir d’Orient" (1989) ou "Nomade j’étais" en 1995, sont traduites en une vingtaine de langues. Elle avait aussi écrit des scénarios et adaptations pour les ballets de Roland Petit