La relance de l’UMA nécessaire, l’autonomie est la solution « la plus réaliste » pour le conflit du Sahara (Antonin Tisseron)

La relance de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) est une "nécessité" à l’heure du printemps arabe et l’autonomie reste la solution "la plus réaliste" au conflit du Sahara, affirme Antonin Tisseron, chercheur associé à l’Institut Thomas More, un think-tank basé à Bruxelles.

"L’une des principales pistes de renforcement de la région reste la relance de l’UMA, dont le dossier a été repris par les nouveaux partis arrivés au pouvoir au Maroc et en Tunisie", écrit M. Tisseron dans une tribune publiée jeudi par le quotidien français "Le Figaro".

Cet auteur du deuxième rapport de l’Institut Thomas More sur la sécurité durable au Maghreb dresse un état des lieux des défis qui se posent aux pays de la région un an après le printemps arabe.

Le printemps arabe a affecté l’ensemble des économies de la région, quoiqu’à des degrés divers, relève-t-il, notant que si le FMI anticipe pour le Maroc une croissance de 4,5 %, l’économie tunisienne a considérablement souffert de la baisse de tourisme.

Devant l’étendue de ces défis économiques et sociaux, l’auteur rappelle que l’Union européenne s’est engagée aux côtés de ses partenaires maghrébins, à travers une assistance dans les domaines politiques et économiques et le vote par le Parlement européen de l’accord de libéralisation des produits agricoles et des produits de la pêche entre le Maroc et l’UE, le 16 février.

"Mais si l’Europe a répondu présent, elle ne pourra vraisemblablement pas aider les Etats maghrébins à la hauteur de leurs espérances", soutient-il, avant de plaider pour une relance de l’UMA.

Dans son plaidoyer, l’auteur souligne que "l’enjeu de l’intégration (maghrébine) est d’autant plus important que l’amélioration économique et sociale est un prérequis pour répondre sereinement au défi de la démocratisation et réduire l’attirance que pourraient représenter les trafics illicites pour des jeunes en mal d’avenir".

"Sans réduction des inégalités et sans réponse aux attentes des populations, le risque est en effet d’assister au développement de la criminalité, des discours radicaux voire à une relance des processus révolutionnaires", affirme M. Tisseron.

L’auteur évoque un deuxième facteur d’inquiétude, celui des groupes terroristes présents dans la région, et tout particulièrement Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui pourraient chercher "à s’appuyer sur la contestation".

Le chercheur observe, par ailleurs, que "l’établissement d’une coopération intra-maghrébine solide et durable pose cependant la question de la capacité des Etats à surmonter et à tourner la page de leurs rivalités, à commencer par l’Algérie et le Maroc au sujet du conflit du Sahara".

Selon lui, la région a "tout à gagner à ne pas faire de ce dernier une condition nécessaire à la réouverture de la frontière entre les deux pays et à la relance de l’UMA".

Cependant, prévient-il, "la normalisation des relations entre les deux voisins risque de se heurter une nouvelle fois" à ce problème "malgré le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007 dans le cadre de la régionalisation du royaume".

"Aujourd’hui, et alors que la guerre avec le Front Polisario a été militairement gagnée par les forces armées marocaines dans les années 1980 et que des cadres du mouvement ont versé dans le trafic de drogue, cette solution reste la plus réaliste pour tenter de résoudre le conflit en conciliant le principe d’intégrité territoriale du Maroc et les aspirations des populations sahraouies, tout en apportant une réponse à la situation humaine dans les camps de Tindouf", conclut l’auteur.

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