La majorité attaque Aubry, le PS relativise

La majorité multiplie les attaques depuis dimanche à l’encontre du premier secrétaire socialiste Martine Aubry, accusée d’avoir comparé Nicolas Sarkozy à l’escroc américain Bernard Madoff

La majorité attaque Aubry, le PS relativise
.Le PS a dénoncé lundi une déformation des propos de sa dirigeante et tenté de désamorcer la polémique naissante.

Lors d’un discours prononcé samedi à la convention nationale du PS, Martine Aubry a vivement répliqué au chef de l’Etat, qui avait reproché à François Mitterrand d’avoir porté à 60 ans l’âge légal de la retraite, en 1983.

"J’ai un peu l’impression que quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c’est un peu M. Madoff qui nous administre quelques cours de comptabilité et cela ne nous rassure pas, c’est le moins que l’on puisse dire", a-t-elle dit.

Bernard Madoff purge une peine de 150 ans de prison aux Etats-Unis pour une escroquerie sur les marchés financiers qui a duré deux décennies et coûté 65 milliards de dollars.

Fait rare, le Premier ministre François Fillon a lancé dimanche soir la contre-offensive de la majorité.

"En privilégiant les formules injurieuses plutôt que les analyses de fond, le Parti socialiste ne s’honore pas", disait-il dans un bref communiqué.

Le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, a déploré lundi sur France 2 un recours abusif à l’injure.

"J’ai tendance à penser que ce déluge actuel d’insultes camoufle un peu un désert de propositions. C’est l’injure comme dernier argument, je crois que ce n’est pas la bonne approche", a-t-il dit.

"ARTILLERIE LOURDE"

Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre a tenu des propos similaires sur LCI. "On est aujourd’hui en crise, les Français attendent des hommes politiques des propositions plutôt que des injures (…). Elle a fait une faute grave, à elle de s’en expliquer devant les Français", a-t-il dit.

Pour Benoît Hamon, porte-parole du PS, la majorité a sorti "l’artillerie lourde" pour "faire naître" une polémique.

"Il y a là une opération à gros sabots du gouvernement qui tente de faire diversion. Je ne crois pas que les Français soient très dupes", a dit le porte-parole du PS lors du point de presse hebdomadaire du parti.

"Utiliser une image ne vaut pas comparaison. Martine Aubry n’a jamais dit que Nicolas Sarkozy était un escroc", a-t-il ajouté, tout en constatant que la formule "a fait mouche".

"Le seul dérapage qu’on connaisse, c’est la sortie de route totale de la France en matière de dépenses publiques (et) de chômage, et il est assez frappant de voir que le Premier ministre ne trouve à communiquer, par un communiqué officiel de Matignon, que sur cette question-là", a conclu Benoît Hamon.

Martine Aubry est elle-même revenue sur ses propos dimanche, dans le cadre du journal de 13 heures de France 2, assurant ne pas avoir comparé le président de la République à Madoff.

"J’ai dit une chose qui paraît assez simple, c’est que, quand il nous donne des leçons de rigueur budgétaire, quand on a fait augmenter la dette de la France (…), c’est un peu comme si Madoff venait vous donner des leçons de comptabilité. Et ça ne serait pas crédible", a-t-elle expliqué.

Son prédécesseur, François Hollande, a jugé dimanche qu’elle aurait dû éviter cette "facilité" tandis que Ségolène Royal a soutenu son ancienne rivale pour la conquête du PS.

Le Figaro et Libération s’accordent dans leurs éditions de lundi pour dire que cette réflexion n’est pas des plus choisies.

"Il n’est pas certain que le parallèle établi par Martine Aubry entre Nicolas Sarkozy et Bernard Madoff soit ni du meilleur goût ni de la meilleure eau", écrit Laurent Joffrin, directeur du quotidien classé à gauche.

Pour l’éditorialiste du quotidien conservateur, Paul-Henri du Limbert, Martine Aubry "a perdu une occasion de se taire". "Son antisarkozysme l’aveugle et l’égare", écrit-il.

Le Monde estime pour sa part que "Mme Aubry a fait un carton plein". "Au-delà de ce dérapage contrôlé (…), Mme Aubry creuse son sillon de chef de l’opposition".

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