La guerre Ockrent-Pouzilhac sur RFI entre au tribunal de commerce de Paris (Le Monde)

Les salariés de Radio France Internationale (RFI) sauront, le 25 février, si le tribunal de commerce de Paris met l’entreprise, filiale de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), sous administration provisoire.

Les juges ont, en effet, décidé un renvoi en délibéré à cette date après avoir examiné, mardi 15 février, la demande du comité d’entreprise (CE) de RFI de nomination d’un administrateur provisoire à la tête de l’entreprise en remplacement de Alain de Pouzilhac, PDG de l’AEF, et de Christine Ockrent, sa directrice générale déléguée. Depuis des mois, les deux dirigeants de l’AEF se mènent une guerre de pouvoir qui paralyse le bon fonctionnement de la holding.

Selon les avocats du CE, à cette crise de gouvernance s’ajoute une crise financière qui fait craindre un démantèlement de RFI au profit de France 24, l’autre filiale de l’AEF. Ainsi, Me Fiodor Rilov a dénoncé "le flou total du budget de l’AEF", en soulignant que la maison-mère s’était emparée, en juillet 2010, des 44 millions d’euros de trésorerie de RFI sans qu’aucune convention n’ait été signée entre l’AEF et sa filiale. Un transfert de trésorerie qui, selon l’avocat, a été régularisé rétroactivement, en novembre, lors d’un conseil d’administration.

"ON PEUT CRAINDRE DES ABUS DE POUVOIR ET DE BIEN SOCIAUX"

Selon Me Gregory Viandier, autre avocat du CE de RFI, cette opération intervient après un plan social qui a vu partir près de 200 salariés de RFI et le projet de fusion des rédactions entre RFI et France 24. "On peut craindre des abus de pouvoir et de bien sociaux", a lancé aux juges Me Viandier.

"Du pur fantasme", a répondu Me Jean-Marc Coblence, l’avocat de RFI et de l’AEF. Pour lui, "il n’y a pas de crise de gouvernance, ni de crise financière et encore moins une menace de démantèlement de l’entreprise". Il en veut pour preuve le bon fonctionnement des instances de RFI (conseils d’administration et comité d’entreprise avec approbations des procès verbaux) et une audience en hausse qui montre bien que "RFI fait son travail".

Pour appuyer leur demande de nomination d’un administrateur provisoire, les deux avocats du CE ont souligné le "pugilat incompréhensible" au sommet de l’AEF que, selon eux, la tutelle politique ne veut pas régler. Pourtant, a souligné Me Rilov, Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, avait indiqué qu’il allait "siffler la fin de la récré".

LA DEMANDE DU CE EST, SELON LE PROCUREUR, "IRRECEVABLE"

"S’il fallait nommer un administrateur provisoire chaque fois que deux personnes ne s’entendent pas, les audiences en seraient pleines", a rétorqué Me Coblence, en rappelant que les dirigeants de l’AEF avaient été nommés par le président de la République et ne pouvaient être révoqués que par lui.

Regrettant de "découvrir" l’affaire en audience faute d’avoir été avisé par les deux parties, le procureur a cependant considéré que le tribunal "ne devait s’immiscer ni dans la gestion, ni dans la stratégie, de RFI ou de l’AEF" et que la demande du CE était, selon lui, "irrecevable".
"Nous attendons sereinement le jugement mais nous continuerons, de toutes façons, à nous battre", confiait Elisa Drago, secrétaire du CE de RFI, à la sortie du tribunal.

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