La génération 98 prend le pouvoir
Médias, clubs, sélection, les héros de la Coupe du Monde 1998 sont devenus incontournables. Passage en revue.
Leur photo d’équipe, patinée par une décennie, ressemble à celle d’une promotion ENA, dont on constate que ses éléments sont sans surprise aux meilleures places. Laurent Blanc, champion de France avec Bordeaux en 2009, succède à Raymond Domenech. Deux ans plus tôt, le poste avait été refusé à Didier Deschamps, champion de France 2010 avec l’OM. La faute en particulier au "clan" de la Direction technique nationale (Gérard Houillet, Aimé Jacquet), appuyé par une figure tutélaire incontournable (Michel Platini), qui a maintenu l’un des siens, Domenech, malgré un revers sportif et une demande en mariage télévisée inappropriée.
L’incapacité du sélectionneur à proposer une équipe compétitive donne raison aux joueurs de "98". Depuis la grève suicidaire des Bleus, c’est tout sauf un hasard si ce sont eux, à longueur de journée dans les médias français, qui donnent en premier leur avis sur l’état du maillot bleu ("sali", résume Youri Djorkaeff). Cette omniprésence de la génération Zidane n’est pas sans rappeler celle de la génération Platini, championne d’Europe en 1984 et demi-finaliste au Mondial 1986, au début des années 90.
Platoche" était passé sélectionneur (1988-1992) dès sa retraite. Giresse, Tigana et Fernandez sont ensuite devenus entraîneurs.
Comme leurs aînés, les anciens de 98 ne sont ni une mafia, ni un lobby. "On ne se consulte jamais, chacun est libre de son opinion", assure dans un long entretien en deuxième page de L’Equipe mercredi Bixente Lizarazu, consultant pour TF1, animateur pour RTL et chroniqueur pour… L’Equipe. Force est de constater qu’ils tirent sur les mêmes cibles: Domenech et la FFF. "Je pense que dans la fédé, il y a besoin d’un grand nettoyage et mettre des gens qui connaissent quelque chose au football, claironne Franck Leboeuf sur TF1, chaîne qu’on a connue plus déférente. Leboeuf, qu’on croyait perdu pour le football au profit du "showbusiness", s’est même dit disponible: "Je suis prêt à aider ces gens-là (les futurs dirigeants, ndlr). Pour quel rôle? On verra bien."
La mémoire fait cependant défaut à certains, promptes à donner des leçons de fair-play qu’ils n’avaient pas appliquées. "Il y a des enfants qui regardent," s’indigne Fabien Barthez dans Le Parisien après le refus affiché de Domenech de serrer la main du sélectionneur sud-africain. Le même Barthez avait craché sur un arbitre lors d’un match amical de l’OM au Maroc en février 2005… Et difficile pour un Zidane, sur un piédestal, de donner des leçons après son coup de tête sur un défenseur italien en finale de la Coupe du Monde 2006. Ça tombe bien, on ne l’a pas entendu.