Présent à Paris pour le sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique qui s’ouvre vendredi, le président IBK n’a pas mâché ses mots à l’égard de la "communauté internationale", et donc principalement de la France, intervenue il y a près d’un an au Mali pour chasser les groupes armés qui occupaient le nord du pays et aider à la restauration de l’intégrité territoriale du pays.
"La communauté internationale nous oblige à négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat", s’est insurgé le président malien dans un entretien au Monde. "Dans quelle comedia dell’arte sommes-nous ?", a-t-il lancé.
Il faisait référence à la situation de Kidal, dans le nord-est du pays, qui échappe toujours au contrôle de l’Etat malien. Fief de la rébellion touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), Kidal est aujourd’hui une zone de non droit, en proie à l’anarchie et aux rivalités de groupes armés, en dépit de la présence de quelque 350 soldats français et environ 200 militaires de la Minusma, la force de l’Onu au Mali.
Ces troupes "ont vocation à aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté", a souligné IBK. Si cela a été le cas à Gao et Tombouctou, les deux autres grandes villes du nord, "Kidal a été une exception" et "l’armée malienne a été empêchée de retourner à Kidal", a-t-il poursuivi, démentant que les soldats maliens soient "une armée de soudards" qui, une fois sur place, "se mettraient à massacrer tout le monde".
De fait, craignant les représailles de l’armée malienne contre les populations touareg, Paris n’a jamais facilité le retour à Kidal des troupes de Bamako, dont 200 éléments restent cantonnés dans la zone.
Aujourd’hui, les Maliens, "qui avaient applaudi l’intervention française au début de l’année, s’interrogent", a mis en garde IBK.