Sur ces deux rails bien tracés, la communication politique de Nicolas Sarkozy allait être un long sillage bien droit qui, même en temps de crise, allait épouser le rythme, la respiration et les contours qu’un président, dont la gouvernance le place plus du côté de Machiavel que de l’ange Gabriel, allait lui imprimer. Sauf que les crises d’autorité et démocratie qui secouent le monde arabe, la rive sud de cette Méditerranée si chère à Nicolas Sarkozy, ont de fortes chances d’influencer lourdement sur le calendrier.
De la crise tunisienne, Nicolas Sarkozy a tiré même un peu tardivement, la leçon qu’une dynamique de changement était à l’œuvre et qu’il valait mieux l’accompagner plutôt que de la subir. D’où le refus d’accorder refuge au président déchu Ben Ali dont les louanges d’être le dernier rempart contre la marrée islamiste étaient chantées par l’ensemble de la classe politique française. Une confusion et une hésitation qui ont révélé à quel point, l’homme et son appareil diplomatiques étaient coupés des réalités.
Puis vint la crise égyptienne. Sans marquer une position tranchée, Nicolas Sarkozy a timidement accroché son wagon à la logique de la transformation démocratique chèrement défendue par la diplomatie américaine. Par crainte du grand chaos qui menace l’ensemble de la région ou par nostalgie déjà à un homme, Hosni Moubarak qui servait une grille de lecture manichéenne entre la dictature de l’armée ou celle des barbus, Nicolas Sarkozy donne l’impression de ne pas vouloir accepter le départ du Rais égyptien et de la fin d’une époque. Un pilier majeur de son grand rêve méditerranéen.
Il est vrai que ces deux crises majeures écrasent tout sur leur passage et configurent de nouvelles lignes. De leur gestion, Nicolas Sarkozy se doit d’inventer une nouvelle diplomatie de crise qui tient plus compte des aspirations populaires que des desideratas des appareils et de potentats qui les dirigent. Pour un homme comme Nicolas Sarkozy qui en la matière avait largement tourné le dos à ses promesses de rupture livrées lors de la campagne de 2007, il s’agit d’une vraie révolution culturelle qui mélange l’indispensable ingérence, la culture des droits de l’homme et la stratégie de dissémination démocratique tentée sans succès par Georges Bush et reprise en douceur par Barak Obama. Le tout remis à l’ordre du jour
Il est vrai aussi que ce n’est pas la première fois que la politique internationale de crise tente d’influencer la politique de Nicolas Sarkozy. Les multiples prises d’otages de citoyens français en Afrique et en Afghanistan, la tentative de chantage qu’Oussama Ben Laden et Al Qaida tente d’exercer sur la France pour l’obliger à rompre ses liens militaires avec la coalition qui combat les talibans en Afghanistan ont été l’occasion pour le président français de redire avec force sa détermination à ne pas céder. Une posture destinée à engranger d’avantage d’estime et d’adhésion que de critiques.