L’opposition demande le départ du patron du renseignement français

L’opposition demande la démission du patron du renseignement français mis en examen dans une enquête visant un espionnage présumé de la presse mais le gouvernement exclut son départ au nom de la présomption d’innocence.

Poursuivi pour "atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données et recel de violation du secret professionnel", Bernard Squarcini, chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a reconnu les faits lors d’une audition lundi devant deux juges, tout en niant qu’ils constituent une infraction.

Après le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, c’est celui des écologistes, Eva Joly, qui a demandé sa démission mardi.

"Je trouve absolument incroyable que le chef du contre-espionnage en France ait utilisé les moyens de l’Etat pour espionner un journaliste. C’est absolument énorme", a-t-elle dit sur France Info.

"Il est mis en examen par un magistrat indépendant et la conséquence directe doit être sa démission, on ne peut pas être patron du contre-espionnage et être suspecté de violer la loi et aussi gravement", a-t-elle ajouté.

Dès lundi soir, François Fillon a invoqué la présomption d’innocence et expliqué sur France 2 que le gouvernement attendrait la fin de la procédure pour se prononcer, ce qui exclut toute décision avant la présidentielle de 2012, car un procès ne pourra se tenir techniquement avant plusieurs années.

Bernard Squarcini est mis en cause pour avoir obtenu d’un opérateur téléphonique, sous contrainte légale, les factures détaillées de téléphone, ou "fadettes", d’un reporter du Monde, Gérard Davet, à l’été 2010.

Il s’agissait de connaître l’informateur du journaliste à l’origine d’un article concernant la procédure judiciaire visant l’héritière de L’Oréal Liliane Bettencourt et mettant en cause Eric Woerth, ministre UMP du Budget puis du Travail aujourd’hui redevenu député.

Bernard Squarcini reconnaît ces faits mais parle d’un travail de routine ayant visé, selon lui, non pas la presse mais le fonctionnaire qui avait violé à ses yeux ses obligations en livrant un procès-verbal d’audition du dossier Bettencourt au reporter.

A 55 ans, ce proche de Nicolas Sarkozy est un des plus hauts fonctionnaires de police française.

C’est le chef de l’Etat qui l’a porté en 2008 à la tête de la DCRI, vouée au contre-espionnage et à la lutte anti-terroriste, créée la même année par Nicolas Sarkozy en fusionnant la DST et les Renseignements généraux.

Gérard Davet a déclaré aux médias qu’à ses yeux, l’ordre avait forcément été donné à l’Elysée et que l’enquête devait en conséquence remonter "aussi loin que possible". Le chef de l’Etat ne peut toutefois être entendu comme témoin ou mis en examen du fait de son immunité pénale.

Le directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard, qui a déjà admis dans les médias avoir donné l’ordre d’identifier la source du Monde, est convoqué ces prochains jours devant les juges et pourrait lui aussi être mis en examen.

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