L’opposition au président égyptien accuse la confrérie des Frères musulmans de constituer des milices

La principale coalition d’opposition au président égyptien Mohamed Morsi accuse la confrérie des Frères musulmans, dont est issu le chef de l’Etat, de constituer des milices qui se livrent à des intimidations et des violences depuis le déclenchement de troubles politiques fin novembre.

L’organisation contestée d’un référendum constitutionnel, les 15 et 22 décembre, et l’élargissement des pouvoirs présidentiels par un decret datant du 22 novembre, depuis annulé, ont provoqué trois semaines d’affrontements entre partisans et adversaires du président islamiste, pendant lesquels huit personnes ont été tuées.

Au cours d’une conférence de presse organisée mercredi par l’opposition, des manifestants anti-Morsi ont accusé des membres des Frères musulmans de les avoir passés à tabac, dans le cadre de violences organisées, et ont montré leurs blessures.

Yahya Negam, ancien diplomate et opposant à Hosni Moubarak, dont le gouvernement avait perpétué l’interdiction des Frères musulmans, a affirmé que Mohamed Morsi et ses partisans employait des stratégies semblables à celles de l’ancien président, chassé du pouvoir en février 2011.

"Depuis l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans, nous constatons qu’ils agissent en marge du reste de la société", a dit Yahya Negam, qui raconte avoir été passé à tabac par des miliciens de la confrérie. "Ils se plaignaient du ministère de l’Intérieur et de ses voyous, mais désormais, ce sont eux les voyous."

Les Frères musulmans affirment de leur côté que leurs partisans doivent souvent se défendre eux-mêmes en cas de violence, en raison de la passivité de forces de l’ordre que la confrérie islamiste juge encore sous l’influence des partisans d’Hosni Moubarak.

"Il y a un laxisme évident de la part du ministère de l’Intérieur et des forces de police qui semblent désirer la chute du président", accuse Mohamed Beltagy, un cadre des Frères musulmans, qui avait organisé leur participation à la révolution de 2011.

"MILICES DES FRERES"

Alors que la principale coalition d’opposition, le Front de salut national (FSN) a demandé à Mohamed Morsi de dissoudre toutes les "milices" au sein des Frères musulmans, Mohamed Beltagy, comme l’ensemble des dirigeants de la confrérie, refuse d’employer le terme et évoque plutôt une "force civile organisée".

"Les Frères musulmans peuvent dire ce qu’ils veulent, mon expérience ne me laisse aucun doute sur le fait qu’ils disposent d’une force armée spéciale", affirme néanmoins un officier supérieur, sous couvert d’anonymat, qui se rappelle avoir dû combattre les "milices des Frères" sous l’ère Moubarak.

Les spécialistes de la confrérie sont plus mesurés, et estiment que l’entraÂŒnement presque militaire de certains membres fait partie de l’histoire des Frères musulmans, largement passée dans la clandestinité, et n’annonce pas un recours systématique à la force.

"L’objectif de ces groupes, c’est d’assurer la survie des Frères musulmans", juge Khalil al Anani, spécialiste de l’islamisme à l’université de Durham.

Plusieurs membres de la confrérie reconnaissent quant à eux avoir subi un entraÂŒnement physique, mais précisent ne jamais avoir eu d’armes entre les mains.

"Nous suivons des cours sur le Coran, nous faisons de l’exercice physique pour rester en forme, et nous apprenons comment nous organiser et rester groupés", explique Abdel Moti, un membre des Frères musulmans âgé de 25 ans, présent près du palais présidentiel d’Heliopolis, au Caire, où ont eu lieu les plus vastes manifestations des dernières semaines.

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