Israël en passe de « perdre » l’amitié de la Turquie
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu’Israël pourrait « perdre » l’amitié de son pays, en raison de son opération militaire sanglante contre une flottille humanitaire pro-palestinienne, tandis que la Turquie attendait ses activistes expulsés d’Israël.
"Israël est menacé de perdre son seul ami dans la région qui a le plus contribué à la paix régionale", a dit M. Erdogan au président américain, selon ses services de presse.
M. Erdogan dont le gouvernement islamo-conservateur a renoué avec le monde arabe et l’Iran, a affirmé qu’Israël occupera au Proche-Orient une place qui "dépendra de ses actions futures", souligne le texte.
Selon l’agence Anatolie, le ministère turc de la Justice réfléchit à l’opportunité de lancer des poursuites judiciaires contre Israël après le raid qui a fait neuf morts dont quatre Turcs. Le ministère doit aussi se prononcer sur la question de savoir si une enquête sera lancée par les procureurs turcs.
C’est sur le ferry turc Mavi Marmara qui transportait 600 personnes dont de nombreux Turcs –le plus grand des six navires de l’expédition à destination de Gaza sous blocus israélien– que s’est produit l’effusion de sang. Selon l’armée israélienne, 9 passagers ont été tués et 7 soldats blessés. Au moins quatre Turcs ont été tués, selon Ankara.
A la suite de la décision mardi soir d’Israël d’expulser tous les activistes de l’expédition, l’Etat turc a affrété trois avions de la Turkish Airlines qui devaient rapatrier mercredi après-midi quelque 350 activistes turcs détenus en Israël. Les avions devraient atterrir à Istanbul, selon l’ONG islamiste turque IHH, très active dans la flottille pro-palestinienne.
Le croissant rouge turc a indiqué que 17 activistes turcs blessés seront aussi ramenés mercredi à l’aéroport international d’Istanbul, à bord d’un appareil médicalisé.
"Les corps des quatre activistes turcs pourront aussi être rapatriés par cet avion-ambulance", a souligné à l’AFP un responsable de cet organisme. Un 18e blessé turc, opéré à Tel Aviv, sera rapatrié ultérieurement, a-t-il ajouté.
Une vingtaine d’activistes turcs sont déjà rentrés en Turquie.
Mardi, M. Erdogan s’en était vivement pris à Israël pour son opération militaire qu’il a qualifiée de "massacre sanglant", exhortant la communauté internationale à "punir" l’Etat hébreu.
Les relations entre la Turquie et Israël sont au plus bas après le raid. Ankara a dénoncé un acte de "terrorisme d’Etat" et rappelé son ambassadeur en Israël.
Selon les médias, M. Erdogan a réuni mercredi à 08H00 GMT un conseil de plusieurs ministres et de responsables militaires pour discuter d’éventuelles représailles contre Israël.
Le gouvernement pourrait décider notamment d’exclure les firmes israéliennes des appels d’offres publics, affirment les télévisions.
Depuis la signature en 1996 d’un accord de coopération militaire qui avait scellé le partenariat "stratégique" turco-israélien, les entreprises israéliennes ont décroché plusieurs contrats lucratifs d’équipement de l’armée turque. Les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint 2,6 milliards de dollars en 2009.
Israël a par ailleurs décidé de rapatrier les familles de son personnel diplomatique à Ankara pour des raisons de sécurité. Des manifestations sont organisées depuis lundi devant les missions diplomatiques israéliennes en Turquie.