France: top départ d’une mobilisation contre la réforme des retraites, un test pour Macron

Transports à l’arrêt, écoles fermées, mobilisation des retraités, étudiants et enseignants avec 250 manifestations prévues en France: le bras de fer s’est engagé jeudi avec le pouvoir dans un contexte social déjà tendu autour de la future réforme des retraites, promesse phare d’Emmanuel Macron pour son quinquennat.

La célèbre tour Eiffel à Paris a même fermé ce jeudi, une partie du personnel participant à cette grève qui s’annonce comme l’une des plus suivies de ces dernières années en France.

Les opposants les plus catégoriques à cette réforme espèrent faire durer le mouvement et mettre le pays à l’arrêt comme en décembre 1995. La mobilisation d’alors contre une réforme des retraites et de la Sécurité sociale avait paralysé les transports en commun durant trois semaines et forcé le gouvernement de l’époque à reculer.

L’exécutif français joue gros dans un contexte social déjà tendu, avec la mobilisation depuis plus d’un an du mouvement social inédit des "gilets jaunes", mais aussi des mécontentements exacerbés dans les hôpitaux, parmi les étudiants, les cheminots, les policiers, les sapeurs-pompiers, les enseignants, les agriculteurs…

"Je porte un projet d’ambition pour notre pays et je n’y renoncerai pas", a de son côté affirmé fin novembre Emmanuel Macron à propos de cette réforme.

"Les syndicats à l’attaque, l’exécutif en attente", titrait le quotidien Libération, décrivant "un gouvernement qui s’affirme +ferme sur les principes+ tout en se préparant à des concessions".

"Réforme des retraites: l’heure de vérité pour Emmanuel Macron", estimait de son côté le journal Le Monde.

"Lors de la campagne présidentielle, le candidat Macron s’était présenté comme celui qui mènera une transformation en profondeur du pays (…) Trois ans plus tard, cette posture de l’audacieux qui ne recule pas devant l’obstacle reste le principal point fort du chef de l’Etat", juge le journal pour qui, "à travers la réforme des retraites, M. Macron joue sa capacité à poursuivre son action réformatrice".

A l’origine de cette mobilisation en France, le futur "système universel" de retraites par points, censé remplacer les 42 régimes existants (fonctionnaires, privés, régimes spéciaux, complémentaires). L’exécutif promet un système "plus lisible" et "plus juste", les opposants s’attendent à une "précarisation" des retraités.

"Il faut miser sur un bon gros coup", a déclaré cette semaine Yves Veyrier, secrétaire général du syndicat FO.

Message reçu dans les transports, avec 90% des TGV et 80% des trains régionaux annulés jeudi, et 10 lignes sur 14 du métro parisien fermées. Des grèves illimitées sont prévues à la RATP et à la SNCF où on s’attend déjà à un mouvement dans la durée.

Les transports de grandes agglomérations comme Strasbourg, Bordeaux, Marseille, Nantes ou Lille devaient également être massivement perturbés.

Policiers, éboueurs, avocats, retraités ou transporteurs routiers appellent aussi à des actions.

Dans l’enseignement, 70% des enseignants du primaire se sont déclarés en grève, et les taux dans le secondaire devraient être voisins, de source syndicale.

Jeudi, les députés La France insoumise (gauche radicale) Adrien Quatennens et Eric Coquerel ont de nouveau appelé le gouvernement à retirer son projet qui sera selon eux "mauvais pour l’ensemble des Français".

Plusieurs sondages ont montré que si les Français sont favorables à une réforme des retraites -mais pas forcément avec tous les points de celle présentée par le président- , une majorité soutient également la grève, dans un pays qui sort à peine de la fronde des "gilets jaunes".

Le projet précis de réforme ne sera dévoilé que mi-décembre pour un passage au Parlement début 2020.

Le gouvernement a laissé la semaine dernière une porte ouverte à une entrée en vigueur après 2025, ainsi qu’à des points chers aux syndicats.

Côté syndical, la suite du mouvement est déjà à l’ordre du jour, avec des assemblées générales en fin de journée dans les entreprises ou administrations, et une réunion vendredi matin de plusieurs syndicats et d’organisations lycéennes.

Le ministère de l’Intérieur s’attend à la présence à Paris de "quelques centaines" de "black blocs" et "gilets jaunes radicaux", et "quelques milliers" dans tout le pays.

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