France: l’incendie d’une épicerie casher ravive les craintes de la communauté juive

L’incendie vraisemblablement criminel mardi près de Paris d’une épicerie casher, récemment ciblée par des tags antisémites, ravive les craintes de la communauté juive en France en pleine commémoration des attentats de janvier 2015.

L’émoi est d’autant plus fort que cet incident survenu à Créteil, au sud-est de la capitale, intervient trois ans jour pour jour après l’attaque contre un supermarché casher de l’est parisien, au cours de laquelle quatre personnes de confession juive avaient été tuées le 9 janvier 2015 par le jihadiste Amedy Coulibaly.

Le président français Emmanuel Macron avait rendu hommage dimanche aux victimes de cet attentat et de celui, deux jours plus tôt, contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo qui avait fait douze morts.

Sur Twitter, l’ambassadeur d’Israël en France Aliza Bin Noun a fait part de son indignation, en dénonçant une "provocation honteuse (qui) prouve l’importance de la poursuite du combat contre l’antisémitisme".

Interrogé par la radio Europe 1 dans le cadre des commémorations des attentats de 2015, l’ancien Premier ministre Manuel Valls a jugé mardi que "l’antisémitisme est très profondément ancré dans notre société".

A Créteil, l’épicerie était complètement détruite mardi matin et les rayons à l’intérieur carbonisés, a constaté une journaliste de l’AFP. Le feu a été signalé entre 04H00 et 05H00 (locales) du matin a expliqué à l’AFP la procureure de Créteil, Laure Beccuau.

"Je suis juste écoeuré", a déclaré le propriétaire des lieux, un musulman de 44 ans brièvement hospitalisé après avoir fait un malaise en découvrant l’étendue des dégâts.

Les deux communautés vivent dans le "respect" à Créteil, selon lui. "Je suis musulman, je travaille dans un magasin juif, il n’y a pas d’incompatibilité", a-t-il affirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

"On essaie de créer un conflit qui n’existe pas en France. Qu’on arrête la polémique!", a-t-il également lancé.

Cette enseigne, "Promo & Destock", faisait partie des deux magasins casher qui avaient été recouverts de cinq croix gammées le 3 janvier. "La piste criminelle est privilégiée", a précisé la procureure.

Les tags nazis d’il y a quelques jours avaient déjà provoqué l’indignation des associations juives, qui les ont perçus comme une référence directe aux commémorations des attentats de 2015.

"Il y a une continuité entre les tags et l’incendie", a réagi Albert Elharrar, le président de la communauté juive de Créteil, joint par l’AFP.

Situé aux abords de Paris, Créteil compte une importante communauté juive forte de 23.000 membres sur quelque 90.000 habitants, selon M. Elharrar.

La communauté avait déjà été marquée fin 2014 par l’agression d’un jeune homme de confession juive et sa compagne, violée pendant le cambriolage d’un appartement. Une affaire qui avait poussé le gouvernement à faire de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme une "cause nationale".

"C’est quelque chose qui nous remue", a poursuivi M. Elharrar. "On essaie de vivre et d’oublier, de trouver la quiétude, mais il y a des éléments qui sèment la terreur", a-t-il regretté.

Le propriétaire de Promo & Destock est musulman, mais les deux magasins tagués la semaine dernière "sont destinés à la consommation casher pour la communauté juive", a-t-il expliqué.

Le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme a également condamné l’incendie "avec la plus grande vigueur", dans un communiqué.

"Les criminels ont voulu par leur geste sanctionner à leur manière le gérant musulman de ce commerce et le punir pour avoir osé ouvertement déclaré qu’il n’avait lui, un musulman, aucun problème à vendre des produits casher et israéliens destinés à la clientèle juive", a estimé l’association. (afp)

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