En cas d’agression, la victime remplit le document «Restons acteur de la sûreté». Elle doit préciser la nature et le lieu des faits et fournir une «description du ou des auteurs». «Là où le document s’enrichit , explique La Marseillaise, c’est dans sa rubrique "Type" à large palette exotique puisqu’il est proposé à la victime d’identifier son agresseur parmi sept faciès géographico-ethniques: "Européen", "Africain", "Nord Africain", "Asiatique", "Latino-Américain", "Gitan" et "Pays l’Est ".»
Dans un pays où la loi «interdit le traitement de données à caractère ethnique» et en réprouve «la simple collecte», le quotidien s’inquiète de la possible réutilisation de ces données à des fins statistiques: «Il n’est évidemment pas contestable qu’une victime fournisse un signalement précis sur l’apparence physique de son agresseur, mais il l’est davantage quand le support écrit paraît adosser à un traitement informatique des données récupérées utilisables à des fins statistiques dont la valeur scientifique serait parfaitement douteuse.»
La fiche de sécurité a irrité la CGT et le Syndicat Sud-Rail, qui demandent le retrait de la rubrique «Type». Dans un communiqué, Sud Rail demande ainsi à tous les cheminots de «refuser de participer à ce genre de descriptions qui servent de paravent à la mise en œuvre de la politique antisociale du gouvernement».
Cité par Le Point, le secrétaire Sud-Rail de Marseille, Joël Nodin, dénonce une méthode «purement subjective: comment ne pas faire d’amalgame entre un Antillais et un Africain?». Et pour Daniel Tourlan, responsable régional CGT des cheminots en Paca, le procédé est «antirépublicain, à la limite de la déontologie».
En sa défense, la SNCF a parlé d’une «méprise». Mais, devant le tollé général, explique Le Point, l’entreprise publique a décidé de retirer le document, «en expliquant qu’à sa connaissance, aucune fiche n’avait été "remplie" et que si c’était le cas, elle serait "détruite"».
Ce n’est pas la première fois que la SNCF se fait épingler pour des démarches stigmatisantes. Ainsi en février 2010, dans la région Midi-Pyrénées, plusieurs notes d’«Info Sûreté» avaient suscité une polémique: elles demandaient aux passagers de se méfier tout particulièrement des Roumains et de rapporter les «faits» commis par les personnes de cette nationalité.