Formation du gouvernement au Maroc : le passage de l’USFP à l’opposition place le PJD devant plusieurs scénario
Lors d’une interview accordée à la Chaine de télévision Al Oula, diffusée samedi, M. Benkirane avait confirmé les propos qu’il avait tenus le 27 novembre dernier après la proclamation des résultats des législatives, selon lesquels son parti projetait de faire alliance en premier lieu avec les formations de la Koutla (PI, USFP et PPS) pour former le nouveau gouvernement.
Le PJD a d’ailleurs affirmé vouloir accorder la priorité aux partis de la Koutka dans ses concertations avec les autres formations dans la perspective de former le nouveau cabinet.
Le PJD, qui a remporté 107 sièges, soit 27 % des sièges de la chambre des représentants, espérait une majorité confortable avec les 60 sièges du Parti de l’Istiqlal, les 39 remportés par l’USFP et les 18 enlevés par le PPS, ce qui aurait permis de dégager une majorité de 57 % des sièges de la chambre des représentants.
Cependant, et devant le fait que l’USFP ait choisi de passer à l’opposition en attendant la décision définitive de l’Istiqlal qui doit en référer à ses instances dirigeantes et celle du PPS qui lie sa participation au futur gouvernement à l’acceptation des autres formations de la Koutla, le Parti de Benkirane risque de se retrouver dans une position délicate si jamais il ne parvenait pas à recueillir la majorité requise.
Le Parti de l’Istiqlal demeure, jusqu’à présent, l’allié déclaré du PJD, mais le nombre de sièges que les deux partis ont remporté (167) ne leur garantit pas la majorité (197 sièges) pour former un gouvernement.
Après le refus de l’USFP, l’on ne peut plus parier que sur 78 sièges du PI et du PPS. Mais le nombre des trois partis réunis, en l’occurrence 185, est en-deçà de la majorité requise.
Dans ce cas, le PJD, qui voit le cercle des alliances se rétrécir, devrait s’adresser à d’autres partis en dehors de la "Koutla Démocratique".
Etant donné que le RNI, un des grands partis de l’"Alliance pour la Démocratie" a annoncé immédiatement après la proclamation des résultats des législatifs, son positionnement dans l’opposition, et que toute alliance avec le PAM a été écartée par le PJD, qui y voit une ligne rouge, ce dernier devrait se rapprocher du Mouvement Populaire pour compenser la perte de l’USFP.
La réalisation de ce scénario apparaît convenir au PJD, car les trois partis réunis (PJD, PI et MP) disposent déjà de 199 sièges sans toutefois lui garantir une majorité confortable. Auquel cas, l’on aurait besoin d’une alliance plus large, qui rallierait par exemple, le PPS, soit 217 sièges (55 pc des sièges de la Chambre des représentants). Il n’est cependant pas sûr que le PPS accepte d’adhérer à cette alliance après le refus de l’USFP d’y faire partie.
Mais même en cas de refus du PPS, le PJD serait en mesure de s’assurer une majorité confortable en s’adressant à un autre membre de l’"Alliance pour la Démocratie", à savoir l’Union Constitutionnelle (UC) pour former une alliance regroupant également le PI et le MP, avec un total de 222 sièges, soit 56 % des sièges de la Chambre des Représentants.
Quel que soit le scénario sur lequel débouchera la composition du prochain gouvernement, la victoire du PJD aux législatives du 25 novembre et le fait que la formation de l’exécutif soit confiée à cette formation, conduira immanquablement, de l’avis des observateurs, à une recomposition de la carte politique au Maroc, surtout en cas d’implosion de l’"Alliance pour la Démocratie" et de désunion dans les rangs de la "Koutla Démocratique".