Dans un article fleuve publié dans le quotidien économique Vedomosti, l’homme fort du pays fustige une corruption "systémique", le climat des affaires "insatisfaisant", les infrastructures inexistantes "à 20-30 km des grandes villes" et la dépendance "inadmissible" de l’économie russe vis-à-vis des manières premières.
Il constate également que la modernisation engagée par le président Dmitri Medvedev afin "d’améliorer le climat des affaires" n’avait permis "aucune avancée significative".
"La Russie ne peut pas se permettre d’avoir une économie qui ne garantit ni la stabilité, ni la souveraineté, ni le bien-être. Nous avons besoin d’une nouvelle économie", écrit-il .
"Face à nos concurrents, le pays est beaucoup moins attrayant pour les investisseurs. Nous enregistrons une importante fuite des capitaux", souligne M. Poutine, président de 2000-2008 et actuel Premier ministre.
"Le principal problème est le manque de transparence, l’absence de contrô le de la part de la société sur les fonctionnaires, les douanes et les services fiscaux, le système judiciaire et les forces de l’ordre".
"Il s’agit d’une corruption systémique, si l’on appelle les choses par leur nom", poursuit-il.
Pour illustrer l’ampleur du phénomène, Vladimir Poutine assure qu’éliminer les rétro commissions sur les commandes d’Etat permettrait d’économiser "entre 5 et 10% du budget fédéral, entre 1 et 2% du PIB par an".
Grand favori de la présidentielle du 4 mars, M. Poutine propose d’augmenter le financement de la recherche scientifique et d’investir dans les industries de haute technologie, l’industrie pharmaceutique, la chimie, l’aéronautique et les communications.
"En investissant dans la compétitivité des secteurs d’avant-garde, la Russie résout aussi un problème social global, à savoir le développement de la classe créative et la possibilité pour elle de se réaliser", explique-t-il.
Ce sont les représentants de cette classe "créative" qui sont descendus par dizaines de milliers dans la rue en décembre, une contestation sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.
L’article a été publié alors qu’une nouvelle grande manifestation est prévue à Moscou le 4 février, après celles du 10 et 24 décembre, pour réclamer des élections honnêtes et le départ de Vladimir Poutine.
Dans un éditorial consacré à cet article, Vedomosti regrette que M. Poutine ne lie pas les problèmes économiques à la "nécessité d’une réforme institutionnelle".
"Et qu’est-ce qu’il (Poutine) a fait toutes ces dernières années"?", s’interroge le quotidien.
"Le programme économique de Poutine ressemble à des conseils de bûcherons, comment planter et engraisser les arbres", a ironisé Ivan Melnikov, l’un des dirigeants du Parti communiste, cité par l’agence Interfax.