Espagne : Mariano Rajoy dévoile ses mesures face à la crise

Espagne : Mariano Rajoy dévoile ses mesures face à la crise
Le futur chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a souligné lundi les difficultés économiques du pays et promis des coupes sombres dans les dépenses publiques tout en proposant des réductions d’impôts pour les entreprises .

Dans son discours d’investiture devant le nouveau parlement de centre droit élu le 20 novembre, Mariano Rajoy a dit que ses priorités étaient la stabilité budgétaire, la consolidation du secteur bancaire et la poursuite de réformes économiques structurelles touchant notamment au marché du travail.

Le Parti populaire (PP) a triomphalement remporté les élections législatives du mois dernier face aux socialistes et Mariano Rajoy, son chef de file, doit prendre officiellement ses fonctions comme Président du gouvernement mercredi.

Mais la tâche de la nouvelle équipe est immense: la quatrième économie de la zone euro glisse vers la récession, est menacée par la crise européenne de la dette et se voit priée par ses voisins de réduire son déficit budgétaire.

"Nous sommes confrontés à d’énormes difficultés et nous devons faire des efforts très éprouvants", a dit Mariano Rajoy devant le Congrès des députés, où le PP dispose désormais d’une majorité absolue.

CONTRACTION DE L’ECONOMIE

Fitch Ratings a annoncé vendredi placer sous surveillance négative les notes de six pays de la zone euro, dont l’Espagne, et menace de les abaisser rapidement faute de "solution globale" à la crise de la dette de la zone euro.

Malgré la crainte d’une baisse de la note espagnole, les mesures d’austérité annoncées ont semblé rassurer les investisseurs.

Le coût que doit supporter l’Espagne pour se financer était ainsi en recul lundi après-midi, l’écart de rendement des obligations espagnoles à 10 ans par rapport à leur équivalent allemand se réduisant d’environ quatre points de base (pdb) à 331 pdb. Le "spread" Italie-Allemagne ressort lui à 491 pdb.

L’indice des valeurs vedettes de la Bourse de Madrid progressait par ailleurs de 1,35% vers 15h30 GMT, faisant mieux que les autres places européennes.

L’économie espagnole va vraisemblablement se contracter au quatrième trimestre au vu des données statistiques disponibles, a souligné Mariano Rajoy dès le début de son discours.

La demande intérieure de l’Espagne vacille, la croissance des exportations ralentit et le taux de chômage, à 21,5%, est le plus élevé de l’Union européenne.

Dans ce contexte difficile, si l’Espagne parvient à atteindre son objectif de déficit budgétaire de 6% du produit intérieur brut (PIB) cette année – ce que la plupart des économistes jugent peu probable – le Trésor devra trouver 16,5 milliards d’euros d’économies l’an prochain pour remplir son objectif, a précisé le futur président du gouvernement.

GEL DES EMBAUCHES DANS LE PUBLIC

Mariano Rajoy a dit qu’il mettrait en oeuvre un gel des embauches dans l’essentiel du secteur public, à l’exception des forces de sécurité, et qu’il annoncerait le 30 décembre des mesures d’assainissement budgétaires détaillées.

Mais il a également annoncé des mesures fiscales immédiates en faveur des entreprises pour stimuler l’emploi et la demande.

Les petites entreprises réalisant leur première embauche bénéficieront d’une incitation fiscale de 3.000 euros et les sociétés dont le chiffre d’affaires est inférieur à cinq millions d’euros se verront placées dans une tranche fiscale plus avantageuse.

Mariano Rajoy a également dit que les banques devraient céder des actifs immobiliers avant d’être recapitalisées.

Il s’en est pris à la banque centrale et à sa gestion de la restructuration du système financier. "Je modifierai le système de surveillance et de régulation de la Banque d’Espagne pour la rationaliser et lever l’indécision et les barrières qui la caractérisent", a-t-il déclaré.

Il a annoncé une revalorisation des pensions de retraite en termes réels en janvier 2012, tout en soulignant que ce serait le seul poste de dépenses publiques à afficher une hausse.

Il a enfin fait allusion à des modifications du système de santé publique, déclarant que son parti redéfinirait les services de base garantis à chacun par l’Etat.

Les mesures annoncées sont "un pas dans la bonne direction", estime Ben May, économiste pour Capital Economics, qui doute toutefois de leur capacité à résoudre les problèmes de financement du pays sur le marché obligataire.

"Le problème clé est d’atteindre l’objectif de déficit et ça pourrait être encore plus difficile l’an prochain s’il y a un gros dépassement cette année, ce que nous soupçonnons", dit-il.

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