En visite à Bagdad, Le Drian plaide pour continuer la lutte contre l’EI

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a appelé jeudi à Bagdad à se focaliser sur la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), et respecter la souveraineté de l’Irak, où Iraniens et Américains jouent des muscles.

M. Le Drian, en visite surprise, est le premier responsable gouvernemental occidental à être reçu en Irak depuis l’entrée en fonction en mai du gouvernement de Moustafa al-Kazimi.

Le chef de la diplomatie française était déjà venu à plusieurs reprises ces dernières années dans le pays, notamment au titre de ministre de la Défense au plus fort des combats entre les forces irakiennes, appuyées par la coalition internationale menée par Washington, et les jihadistes.

Depuis la déclaration de la victoire sur l’EI fin 2017 par Bagdad, les dissensions au sein de la coalition, dont fait partie la France, ne cessent de s’exacerber.

Les Européens notamment accusent Washington de mettre en danger la présence des troupes étrangères anti-EI en menant unilatéralement des raids contre des factions chiites pro-Iran.

Au début de l’année, l’assassinat à Bagdad par les Etats-Unis du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis avait déclenché un vote du Parlement réclamant l’expulsion des troupes étrangères.

La France, qui a subi sur son sol des attaques de l’EI et compte 14 Français condamnés à mort ou à la perpétuité en Irak pour appartenance à l’EI, plaide elle pour poursuivre les opérations contre l’EI, qui conserve des cellules dormantes à travers l’Irak.

« Il ne faut pas baisser la garde contre le groupe Etat islamique », a plaidé M. Le Drian. « La vocation de la coalition est essentiellement de combattre l’EI et ne doit en rien être détournée de sa mission centrale », a-t-il ajouté, dans une apparente adresse aux Etats-Unis.

« La vocation de la coalition est le respect de la souveraineté irakienne qui n’est pas négociable et qui est la condition de la confiance et de l’efficacité », a-t-il encore dit.

En retour, l’Irak, où une révolte populaire inédite dénonçant la mainmise du voisin iranien dans le pays, a explosé à l’automne, « doit se dissocier des tensions de son voisinage », a-t-il encore dit.

Revenant sur la nomination de M. Kazimi, puissant chef du renseignement durant les années de guerre contre l’EI qu’il a donc côtoyé dès cette époque, M. Le Drian a dit « soutenir ses premières décisions ».

M. Kazimi a principalement fait des annonces sur la reprise en main d’institutions gangrenées par la corruption ou noyautées par les groupes armés et la lutte contre les attaques à la roquette contre des intérêts américains ou de la coalition.

Alors que l’Irak traverse la pire crise économique de son histoire récente, M. Le Drian a également annoncé des facilités de paiement accordées par la France pour des projets de reconstruction d’un montant d’un milliard d’euros.

Ces projets concernent « les domaines des transports, de l’énergie et de l’eau », a-t-il précisé.

L’Irak souffre depuis des décennies de pénuries d’eau, potable ou d’irrigation, son réseau routier et de transport est à genoux, et la plupart des provinces d’Irak n’ont pas d’électricité pendant au moins 12 heures par jour.

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