Emmanuel Macron, président « jupitérien » qui a changé l’image du pouvoir

Son prédécesseur était « Pépère », il est surnommé « Jupiter »: le président centriste Emmanuel Macron, 39 ans, a réussi en quelques semaines à changer l’image du pouvoir en France et à rallier à son programme libéral-social des politiques de tous bords.

Le plus jeune chef de l’État de l’histoire de France est arrivé à l’Elysée il y a un mois après une ascension éclair, a depuis chamboulé le paysage politique et se prépare à remporter la majorité aux législatives.

Il a "vite assumé une attitude présidentielle", estimait récemment le New York Times, en saluant ses rencontres jugées plutôt réussies avec deux poids lourds de la scène mondiale, Donald Trump et Vladimir Poutine, et le lancement en France du chantier délicat de la réforme du code du travail, sans pour l’heure soulever une farouche résistance.

Même si ses réformes ne font pas l’unanimité, la presse française salue le "style Macron" qu’il a imposé malgré sa jeunesse et son inexpérience. Il n’avait jamais été élu avant de conquérir le pouvoir en quelques mois ; il était inconnu du public il y a trois ans, lorsque l’ex-président socialiste François Hollande l’a nommé au ministère de l’Économie.

Avec son élégance ultra-classique, sa silhouette fine, son éternel sourire et ses yeux bleus perçants, il "domine par le charme", un charme lié à "son âge, son allure, sa beauté et la vicacité de son intelligence", estime le philosophe Gilles Lipovetsky.

Et, selon lui, il a aussi "noué une relation particulière" avec les Françaises avec le choix d’une épouse de 24 ans son aînée — Brigitte Trogneux-Macron, son ancienne professeure de théâtre au lycée, très présente à ses côtés pendant la campagne.

Ses adversaires s’agacent de la "macronite", de la "macronmania" ambiante: "Tout le monde est en pâmoison", notamment la presse, devant "Choupinou 1er", raille dans les colonnes du Monde un socialiste anonyme.

La presse critique sa communication verticale ou son soutien résolu à un ministre embourbé dans une opération immobilière contestable. Il n’en rassemble pas moins au sein de son premier gouvernement d’anciens ténors de droite, de gauche et des personnalités populaires comme l’écologiste Nicolas Hulot qui avait jusque là décliné les sollicitations similaires.

Président "jupitérien"

Son jeune parti semble bien parti pour obtenir une majorité à l’Assemblée lors des élections des 11 et 18 juin, conditon sine qua non pour mener les réformes promises.

Le pari semblait difficile lorsque cet ancien inspecteur des finances et ancien banquier d’affaires chez Rothschild s’est lancé dans la course présidentielle en novembre, moins de trois mois après sa démission du gouvernement, huit mois après le lancement de son "mouvement", En Marche!.

Nommé conseiller économique du président Hollande en 2012, il prend les rênes de l’Économie deux ans plus tard (2014-2016). Il y défend une loi fourre-tout, qui libéralise différents secteurs de l’économie et prend alors la mesure des "scléroses" du pays, selon un des ses proches.

Intuitif, ambitieux, audacieux, ce pur produit du système, fils de médecins, élève brillant d’un établissement privé puis des plus grandes écoles françaises, a fait mouche avec sa campagne sur le thème de la "rupture".

Avant son élection, ce féru de littérature estimait que la France avait besoin d’un président "jupitérien" – le nom du maître des dieux romains lui est resté.

Il revendique une ligne ni à droite, ni à gauche, libérale en économie comme sur les sujets de société, résolument pro-européenne. Il s’affiche avec les drapeaux européens, fait jouer l’Hymne européen avant la Marseillaise le soir de sa victoire, se rend visite à Berlin au lendemain de son investiture.

Une "révolution" comme le prônait le titre de son livre programme ? Plutôt une "américanisation" de la société française pour le philosophe Régis Debray qui ne croit pas à la disparition du clivage gauche/droite.

"Macron vient d’un monde où +the pursuit of hapiness+ doit être inscrit dans la Constitution, c’est-à-dire l’idée américaine du bonheur, c’est-à-dire, d’abord, du bien-être individuel, de la cohésion sociale, de l’harmonie", estime-t-il.

A l’américaine, Macron parle de "libérer" l’économie, a fait campagne "au contact" sur le terrain, lancé son parti comme une start-up siglée à ses initiales EM ou s’affiche avec son épouse, sa famille et ses proches le soir de sa victoire….

(Avec AFP)

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