Egypte : la police lance un assaut sanglant pour déloger les pro-Morsi au Caire
Annoncée plusieurs fois ces dernières semaines, les opérations de « nettoyage » des places du Caire occupées par les partisans de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi ont débuté mercredi matin. La police a pris position et tiré des gaz lacrymogènes contre les sit-ins. Les forces de sécurité ont également tiré à balles réelles sur les protestataires. Le bilan des violences est déjà très lourd : au moins 15 morts selon plusieurs témoins, dont deux policiers.
Les chars se sont mis en position en début de matinée. Les policiers caparaçonnés ont fait leur apparition, prêts à déloger les partisans de Mohamed Morsi des deux places, Rabaa et Nahda, que ces derniers occupent depuis plusieurs semaines au Caire, en signe de protestation contre sa destitution par l’armée, au début du mois de juillet.
Les forces de sécurité ont violemment lancé l’assaut contre les pro-Morsi près de la mosquée Rabaa al Adaouia, après avoir dégagé la plus petite place Nahda, usant de balles réelles et de gaz lacrymogènes.
Les violences liées aux troubles politiques ont fait plus de 250 morts en un mois. La péninsule du Sinaï est en outre en proie à une rébellion larvée, des hommes armés y ont tué un civil et blessé cinq soldats vendredi. La justice a par ailleurs ordonné la mise en détention préventive pour 15 jours de Mohamed Morsi, maintenu au secret par l’armée depuis sa chute, pour complicité présumée avec des opérations meurtrières contre les forces de sécurité lors de la révolte contre le président Hosni Moubarak en 2011, imputées au Hamas palestinien.
Les charges portent en particulier sur une aide que lui aurait apportée le Hamas, branche palestinienne des Frères musulmans, pour s’évader d’une prison où le régime Moubarak l’avait incarcéré. L’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne ont appelé à la fin de la détention par l’armée du président déchu et de plusieurs de ses conseillers. Les adversaires de M. Morsi justifient sa destitution en l’accusant de n’avoir gouverné qu’au profit des islamistes et d’avoir enfoncé le pays dans la crise économique.
Ses partisans dénoncent eux un «coup d’Etat sanglant» mené par l’armée contre le premier président démocratiquement élu d’Egypte, après des manifestations massives fin juin pour réclamer son départ.