Cité par l’agence MENA, le général Adel Morsi, chef de l’autorité judiciaire militaire, a fait savoir que cette loi avait été étendue par " décret présidentiel " en 2010 pour une durée de deux années qui prendra fin en juin 2012.
Le responsable militaire a, par ailleurs, précisé que cette loi pourrait être annulée ou amendée.
Il a ajouté que le conseil suprême s’engage à lever l’état d’urgence, en vigueur depuis 1981, dans les meilleurs délais " quand la situation le permettra".
La semaine dernière, des centaines d’Egyptiens, représentant différentes tendances politiques et des droits de l’Homme, sont descendus à la place Tahrir au Caire pour réclamer une transition rapide vers un pouvoir civil et l’abolition de la loi d’urgence.
Ces forces politiques égyptiennes ont exprimé leurs craintes de voir les questions sécuritaires peser sur la transition politique en Egypte, notamment après l’adoption d’un décret étendant la loi d’urgence.
Ces circonstances exceptionnelles exigent des mesures juridiques décisives, selon le ministre égyptien de l’Information, Oussama Heikal, qui fait référence à ce décret adopté par le conseil suprême des forces armées égyptiennes.
Ce décret, intervenu après une "rupture de la sécurité publique ", a été adopté pour faire en sorte que la loi sur l’état d’urgence puisse s’appliquer aux grèves et à la diffusion de fausses rumeurs, précise la même source.
Etendue par les autorités égyptiennes en réaction à l’attaque contre l’ambassade d’Israël au Caire la semaine dernière et qui a fait plusieurs morts et blessés, cette loi a été décriée par des organisations nationales et internationales des droits de l’Homme, ainsi que par des les forces politiques égyptiennes, qui évoquent "un retour en arrière ".
A cet égard, plusieurs mouvements politiques ont dénoncé la passivité initiale des forces de l’ordre, estimant qu’elle avait permis à la situation de dégénérer ensuite en violents affrontements.
D’après la Coalition des jeunes de la révolution,"la disparition des forces de l’armée et de la police au moment où des manifestants ont commencé à escalader le bâtiment (de l’ambassade) et leur réapparition trois heures plus tard est un scénario visant à diaboliser la révolution et présenter les révolutionnaires comme des voyous ".
Pour leur part, les Frères musulmans ont mis en garde l’armée contre la tentation d’invoquer la sécurité pour ralentir la transition vers un pouvoir civil.
Les Frères musulmans ont également mis en garde contre un possible report des législatives prévues à l’automne sous prétexte de détérioration de l’état de la sécurité.
Le Parti de la liberté et de la justice (islamiste) a de son cô té exprimé son " refus de toute tentative d’utiliser et exploiter ces incidents pour appliquer des dispositions martiales, restreindre les libertés ou retarder les échéances de la période de transition ".
En vigueur depuis trente ans, la loi sur l’état d’urgence prévoit des dispositions policières et judiciaires hors du droit commun, en particulier le recours à des tribunaux d’exception.
La loi d’urgence permet aussi à des tribunaux d’exception de juger les auteurs de l’attaque contre l’ambassade d’Israël et d’interdire toutes les manifestations en cette période de transition démocratique.
En 2010, l’ancien président déchu Hosni Moubarak avait décidé de limiter l’application de cette loi à la lutte anti-terroriste et au trafic de drogue.