"Informé de ces soupçons, le ministre de la Défense (Jean-Yves Le Drian) a immédiatement signalé les faits allégués aux autorités judiciaires françaises compétentes (…) Il a également suspendu les deux soldats", a indiqué le ministère.
"Une enquête de commandement a été déclenchée par le chef d’état-major des armées" Pierre de Villiers, a-t-on ajouté de même source. "En parallèle, la justice burkinabè a été saisie par l’ambassadeur de France à Ouagadougou", a-t-on également précisé.
"Si les faits étaient avérés, l’armée se montrerait implacable à l’égard des deux personnes concernées", a souligné le ministère.
Environ 220 soldats français sont stationnés au Burkina Faso dans le cadre de l’opération de lutte antiterroriste Barkhane qui couvre cinq pays du Sahel, du Mali au Tchad.
Il s’agit de la deuxième affaire d’abus sexuels sur enfants impliquant l’armée française en Afrique, après les accusations portées contre des militaires de la force Sangaris en Centrafrique.
Dans les deux cas, le ministre de la Défense a aussitôt saisi la justice française et demandé une enquête de commandement, c’est-à-dire interne à l’armée.
Cette fois-ci en revanche, M. Le Drian a immédiatement suspendu les deux suspects, sans attendre le verdict de la justice, et immédiatement rendu l’affaire publique.
Les accusations de viols d’enfants par des militaires français déployés en Centrafrique, dénoncées dans un rapport interne de l’ONU, avaient été révélées fin avril par le quotidien britannique The Guardian.
Selon une source judiciaire, 14 militaires français ont été mis en cause, dont trois sont identifiés, par les témoignages de six enfants de 9 à 13 ans dénonçant des faits commis au début de l’opération Sangaris entre fin 2013 et fin mai-début juin 2014.
Le ministre de la Défense, informé de ces accusations par les Nations unies dès juillet 2014, avait alors saisi la justice et lancé une enquête interne pour vérifier s’il y avait eu dysfonctionnement de la chaîne de commandement.
Mais il n’avait pas dévoilé l’affaire, ce qui lui a été reproché ultérieurement, et a refusé de prendre des sanctions tant que les faits n’étaient pas avérés devant la justice, arguant que les militaires étaient des citoyens comme les autres et avaient droit à la présomption d’innocence.
Le parquet de Paris a annoncé le 7 mai, une semaine après la révélation de l’affaire par The Guardian, l’ouverture d’une information judiciaire confiée à des juges d’instruction.
Les autorités centrafricaines s’étaient plaintes d’avoir été informées tardivement de l’affaire par Paris.