"Bon débarras Ben Ali!" scandaient les manifestants qui reprenaient en choeur le célèbre "Dégage" qui a marqué la révolution tunisienne.
Des barrières interdisaient un large périmètre devant le ministère de l’Intérieur, symbole de l’ancien régime devant lequel avait commencé la dernière manifestation avant la fuite de Ben Ali, il y a tout juste un an. Certains manifestants réclamaient la reconnaissance pour les "martyrs" abattus lors du soulèvement du décembre 2010-janvier 2011, qui a fait selon l’ONU quelque 300 morts et 700 blessés.
A quelques centaines de mètres de la manifestation, se déroulait une cérémonie officielle présidée par le président tunisien Moncef Marzouki. Ce dernier a assuré, devant des dirigeants et hauts responsables arabes conviés à cette cérémonie, que son pays poursuivrait "sa marche vers la liberté". "Le 14 janvier est une journée qui marque la fin d’une période sombre, d’un régime autoritaire et corrompu (…), et la révolution tunisienne nous a ouvert les portes d’un avenir rayonnant", a déclaré M. Marzouki. "La Tunisie va poursuivre sa marche vers la liberté", a-t-il dit, estimant que le peuple tunisien voulait "la construction d’un nouveau régime, la démocratie, le respect de la loi et la fin des sit in anarchiques". "Nous avançons pas à pas", a-t-il ajouté, avant de rendre hommage à l’armée "qui a protégé le peuple".
Plusieurs dirigeants arabes, dont l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al-Thani et le président algérien Abdelaziz Bouteflika assistaient à la cérémonie. Dans son intervention, le président algérien a salué le peuple tunisien "pour ce qu’il a réalisé afin d’ouvrir une nouvelle page de son histoire". "Nous, les Algériens, nous sommes optimistes après votre victoire", a-t-il déclaré. L’émir du Qatar a exprimé à cette occasion son soutien au "printemps arabe". "Les peuples de la nation arabe aspirent à des jours meilleurs, et je suis sûr qu’ils vont s’inspirer de la révolution tunisienne qui promeut la liberté et la dignité", a-t-il dit. "Vos martyrs sont les nôtres", a-t-il également déclaré, en annonçant la volonté de l’émirat de "participer au fonds de solidarité" pour les victimes de la révolution tunisienne.
"La réussite de la révolution tunisienne a été un facteur essentiel pour le succès de la révolution en Libye", a déclaré pour sa part le chef du Conseil national de transition libyen Moustapha Abdeljalil. Il a remercié la Tunisie pour avoir accueilli des dizaines de milliers de Libyens durant les six mois de conflit qui ont abouti à la chute du régime Kadhafi en août dernier.
Pour sa part, le président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, s’est félicité des réalisations de la révolution tunisienne au profit "du peuple tunisien authentique", réaffirmant la confiance du Maroc, Roi, gouvernement, peuple et forces vives "dans la maturité du leadership national issu de la glorieuse révolution tunisienne ainsi que dans sa capacité créatrice à relever les défis en vue de faire de la Tunisie un modèle à suivre en matière d’édification de la modernisation et de prospérité.
M. Ghellab a également fait part de la détermination du Maroc d’oeuvrer en commun avec la Tunisie pour l’édification d’un grand Maghreb uni, au service des peuples et du développement de la région. Ont pris part également à cette cérémonie, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Saâdeddine El Othmani, le vice-président du Conseil des ministres koweitien et ministre des Affaires étrangères, le vice-ministre bahreini des Affaires étrangères, le vice-premier ministre turc, le ministre palestinien des Affaires étrangères ainsi que d’autres invités notamment de la Mauritanie, des Emirats arabes unis, de l’Italie, du Brésil et de la France.