Dernier voyage de Nelson Mandela

Nelson Mandela a entamé samedi son tout dernier voyage, entre Pretoria, où sa dépouille a été exposée durant trois jours, et Qunu, le village de son enfance où il sera inhumé dimanche après un ultime adieu des camarades de l’ANC et du parti communiste.

Son cercueil, drapé dans les couleurs de l’Afrique du Sud démocratique dont il a été le premier président, a été transféré tôt le matin de l’hôpital vers la base aérienne militaire de Waterkloof près de Pretoria pour une cérémonie du Congrès national africain (ANC), auquel Mandela a toujours démontré une fidélité inébranlable.

Extrait avec précaution du corbillard, le cercueil a été ensuite recouvert de vert émeraude, couleur du Congrès national africain (ANC), le parti de Mandela dont fonda et anima la branche armée Umkhonto we Sizwe (La Lance de la nation) à partir de 1961.

Mandla, l’aîné masculin des petits-fils de Mandela, en complet sombre, se tenait aux côtés du défunt comme le veut la tradition.

Les plus hautes personnalités du parti que Mandela a porté au pouvoir étaient là, ses successeurs Thabo Mbeki (1999-2008), Jacob Zuma (depuis 2009), mais aussi son épouse Graca Machel, 68 ans, et son ex-épouse Winnie Madikizela-Mandela, l’air effondré.

La cérémonie était empreinte de gravité, de recueillement religieux et de lenteur, réservée à un aéropage de militants aux couleurs jaunes et verts de l’ANC, de militants communistes (SACP) et syndicalistes en rouge, et d’anciens vétérans de la lutte contre la ségrégation raciale comme le pasteur américain Jesse Jackson.

En trois jours, de mercredi à vendredi, jusqu’à 100.000 Sud-Africains se sont inclinés devant la dépouille de Nelson Mandela exposée à Pretoria, quelques impatients ayant même débordé la police vendredi pour pouvoir poser un dernier regard sur leur héros.

Mardi, le monde lui avait rendu un hommage officiel dans le stade de Soweto en présence d’une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement, donnant lieu à une poignée de main historique entre les président américain et cubain Barack Obama et Raul Castro.

Selon le programme de cette cérémonie, au dos duquel le poème préféré de Mandela "Invictus" a été imprimé, l’avion s’envolera vers 09h30 (07H30 GMT) à destination de Qunu, avec de l’avance sur le programme initial. Le cercueil sera accompagné de plusieurs membres de la famille dans l’appareil.

Deux heures plus tard, si la météo le permet, il se posera sur l’aéroport de Mthatha, la petite ville la plus proche du Qunu.

"Lorsqu’ils atterriront à Mthatha, le corps et la délégation seront accueillis par des membres de la famille, des membres de la nation Thembu (à laquelle appartient Mandela ndlr) et d’autres personnes qui accompagneront la famille", a déclaré vendredi soir le général Matanzima.

Le convoi funéraire fera ensuite deux haltes dans la ville de Mthatha, afin de permettre à la foule de dire un adieu au héros régional, devenu une icône planétaire célébrée par tous les peuples et les grands de ce monde.

Puis il prendra la route de Qunu, sur une trentaine de kilomètres, pour gagner la maison où Nelson Mandela avait passé ses dernières années avant d’être ramené à Johannesburg pour raison de santé.

Là s’achèvera le long chemin du père de la démocratie sud-africaine.

Dimanche matin, la première partie de l’office se déroulera en présence d’environ 5.000 personnes, dont des dignitaires étrangers comme le prince Charles d’Angleterre ou les anciens Premiers ministres français Lionel Jospin et Alain Juppé, et sera retransmise à la télévision.

C’est après seulement que le corps prendra le chemin du petit cimetière familial, à quelques centaines de mètres.

Mandela, mort le 5 décembre au soir, sera inhumé auprès de ses parents et de ses trois enfants décédés. La famille a fait savoir que la mise en terre se ferait dans l’intimité la plus stricte. Aucune image télévisée ou photo ne sera autorisée.

Selon la coutume, des rites xhosas, dont l’égorgement d’un boeuf, seront pratiqués et des aînés du clan Thembu, dont était issu Mandela, prendront la parole autour de la tombe.

"Des funérailles sont une cérémonie complexe qui demande notamment de communiquer avec les ancêtres et de permettre à l’esprit du défunt de reposer", a expliqué le chef Jonginyaniso Mtirara, du clan Thembu.

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