Conférence de Palerme: une énième tentative pour sortir la Libye du chaos

Une conférence internationale sur la Libye s’ouvre lundi à Palerme en Italie en présence des principaux protagonistes locaux du conflit, une énième tentative pour lancer un processus électoral et politique censé sortir le pays de l’ornière.

Témoin des difficultés à rapprocher les vues dans un pays miné par les divisions et les luttes de pouvoir depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, l’ONU a annoncé jeudi que le processus électoral a été retardé et devrait finalement démarrer au printemps 2019.

Cette fois-ci la conférence se tient en Italie, ancienne puissance coloniale qui entretient des liens historiques avec la Libye, pays riche en pétrole. La dernière a eu lieu à Paris en mai. L’Italie est surtout très préoccupée par le problème des migrants dont des dizaines de milliers cherchent chaque année à joindre ses côtes à partir de la Libye où les passeurs, profitant du chaos, sont très actifs. "La conférence de Palerme est un pas fondamental dans l’objectif de la stabilisation de la Libye et pour la sécurité de toute la Méditerranée", a estimé le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.

Des représentants de pays européens dont la France, des Etats-Unis ainsi que des pays arabes participeront lundi et mardi à la réunion de Palerme en Sicile alors que la Libye est toujours en proie à l’insécurité et à un crise économique. Comme à Paris, y seront autour de la même table les principaux protagonistes en Libye: le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) internationalement reconnu, Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est du pays, le président du Parlement, Aguila Salah, et celui du Conseil d’Etat, équivalent d’une chambre haute à Tripoli, Khaled al-Mechri. Rome a aussi invité des dignitaires et représentants tribaux et de la société civile.

Dans une interview à l’AFP jeudi, M. Sarraj a souhaité que la conférence débouche sur "une vision commune vis-à-vis du dossier libyen", soulignant "la nécessité d’unifier les positions" de Paris et Rome.

Après la rencontre de Paris, Rome avait reproché à Paris de vouloir faire cavalier seul sur la Libye, dirigée aujourd’hui par deux entités rivales: le GNA, issu d’un processus onusien basé à Tripoli et une autorité installée dans l’Est soutenue par un Parlement élu en 2014 et une force armée dirigée par M. Haftar.

Bien que l’Italie et la France aient "de nombreux intérêts en commun en Libye comme l’énergie, l’immigration et (la lutte contre) le terrorisme, elles ont des vues divergentes sur le moyens d’atteindre leurs objectifs", estime Federica Saini Fasanotti du Brookings Institute.

A Paris, les protagonistes libyens s’étaient engagés à organiser des élections législatives et présidentielle le 10 décembre. Mais cette date a été accueillie dans un scepticisme général, en particulier à Rome et Washington pour qui les conditions n’étaient pas propices à des élections.

"Nous soutenons les élections le plus tôt possible, mais des délais artificiels et un processus précipité seraient contre-productifs", a déclaré jeudi David Hale, numéro trois de la diplomatie américaine, au Middle East Institute de Washington. Le même jour, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a d’ailleurs enterré définitivement la perspective d’élections avant la fin de l’année, devant le Conseil de sécurité de l’ONU. "Une conférence nationale devrait se tenir dans les premières semaines de 2019. Le processus électoral qui en découlera devrait commencer au printemps 2019", a dit M. Salamé s’exprimant par vidéo-conférence depuis Tripoli

En Italie, aucune date ne devrait être avancée, et "pas sûr qu’il y ait un document final", selon une source diplomatique italienne.

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