Chine: le budget militaire en hausse « de 7 à 8% », en pleine tension avec Washington

Le budget militaire de la Chine augmentera « de 7 à 8% » en 2016, a annoncé vendredi Pékin, une hausse moindre que les années précédentes, mais destinée à poursuivre la modernisation de l’armée chinoise et l’extension de ses missions, dans un contexte de tensions avec les pays voisins et Washington.

Cette estimation a été avancée par Mme Fu Ying, porte-parole de l’Assemblée nationale populaire (ANP), chambre d’enregistrement législative du régime communiste.

Le montant précis sera officiellement annoncé samedi, lors de l’ouverture de l’ANP, a-t-elle précisé.

Le chiffre représente un ralentissement après plusieurs années de croissance à deux chiffres, la hausse de 2015 (+10,1%) ayant porté le budget à 886,9 milliards de yuans (141,4 milliards de dollars de l’époque).

"Davantage d’argent est nécessaire pour faciliter la réduction des troupes" actuellement à l??uvre dans l’Armée populaire de libération (APL), analyse pour l’AFP James Char, de l’Université de technologie de Nanyang, à Singapour.

Le président chinois Xi Jinping, chef des armées, avait annoncé en septembre une baisse de 300.000 personnes — sur 2,3 millions — des effectifs de l’armée chinoise, la plus grande du monde.

"Des compensations financières devront ainsi être offertes à ceux affectés par les coupes" et renvoyés à la vie civile, selon M. Char.

L’APL, objet actuellement d’une réforme en profondeur de ses structures militaires, a déjà fondu de quelque 2 millions de personnes en trois décennies, au fil d’une modernisation technologique et d’une augmentation continue de son budget.

Elle a été durement touchée ces dernières années par la campagne anticorruption qui a frappé sa haute et moyenne hiérarchie. "La sécurisation des intérêts économiques croissants de la Chine à l’étranger exige aussi davantage de ressources financières", estime James Char, notamment dans le cadre de son projet de développement de "nouvelles routes de la Soie".

Pour Washington, une "militarisation"

L’annonce du budget 2016 intervient dans un contexte tendu, Washington ayant accusé récemment l’APL de "militarisation" en mer de Chine méridionale, une région stratégique où Pékin dispute la souveraineté d’îles à des pays riverains soutenus par les États-Unis.

La Chine juge "territoire national" la quasi-totalité de cette mer et mène, dans l’archipel des Spratleys (sud), d’énormes travaux de remblaiement, transformant des récifs coralliens en ports, pistes d’atterrissage et infrastructures diverses.

Pékin s’était étonné des critiques américaines sur la présence de missiles et d’avions de chasse dans les Paracels (nord), contrôlées depuis plusieurs décennies par la Chine, qui assure y "déployer des armes depuis longtemps".
Washington a envoyé ces derniers mois des navires de guerre croiser à proximité d’îles contrôlées par Pékin, assurant ainsi défendre la "liberté de navigation" que les États-Unis estiment menacée par l’APL.

"Plus forte sera la Chine militairement, moins les États-Unis seront tentés de se livrer à ce type de provocations", avait tancé jeudi le Global Times, journal chinois au ton volontiers nationaliste.

Les craintes des pays voisins ont été renforcées par l’annonce par Pékin, fin décembre, de la construction de son second porte-avions, à l’heure où le premier est cependant encore loin d’être opérationnel.

Un budget sous-évalué

"Mais la Chine n’a nullement l’intention de s’engager dans un aventurisme militaire", nuance James Char.

L’APL, soucieuse d’améliorer son image, a renforcé ces dernières années ses interventions à l’étranger, avec des missions de maintien de la paix de l’Onu (Soudan du Sud) ou des opérations d’évacuation de ses ressortissants (Libye).
Pékin vient également d’annoncer le début de la construction d’une "base logistique navale" à Djibouti, prévue pour 2017.

Première implantation de l’APL à l’étranger, elle sera officiellement destinée à faciliter les escortes antipiraterie menées par l’armée chinoise (Somalie, golfe d’Aden).

L’APL est cependant critiquée pour son manque de transparence.
De nombreux analystes estiment notamment son budget sous-évalué, l’argent de la recherche scientifique et technologique destinée aux capacités de défense n’étant pas comptabilisé.

La Chine, deuxième puissance militaire mondiale, reste cependant loin derrière les États-Unis, au budget défense quatre fois supérieur (582,7 milliards de dollars).

La dotation déclarée de l’armée chinoise reste pourtant, nettement plus élevée que celle de ses homologues du Japon (44 milliards) et d’Australie (24 milliards).

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite