Sacré « roi » à son arrivée à Paris avant même d’y décrocher la couronne européenne, Neymar doit une revanche au PSG: passer de bourreau de la traumatisante « remontada » à héros du huis clos contre Dortmund, mercredi (20h00 GMT) en 8e de finale retour de Ligue des champions.
Voir Neymar opérationnel en mars à Paris ? Du jamais-vu depuis le « transfert du siècle » de l’été 2017 ! Ces deux dernières saisons, le joueur le plus cher de l’histoire (222 M EUR) a pris l’habitude de passer le troisième mois de l’année au Brésil, le pied droit dans le plâtre en attendant un long rétablissement. La faute à deux blessures graves.
Mais à l’heure d’aborder son premier 8e de finale retour de Ligue des champions sous le maillot parisien, la malédiction semble enfin être de l’histoire ancienne… même si l’épidémie de coronavirus est parvenue à la prolonger de manière inattendue !
Pour la première fois depuis son départ du FC Barcelone, le Brésilien ne fêtera pas l’anniversaire de sa soeur, qu’il ne rate jamais, le 11 mars. Comme le carnaval de Rio, qu’il a manqué fin février pour disputer le match aller en Allemagne (défaite 2-1) où il a inscrit le but de l’espoir, à défaut de briller.
Et pourtant, à en croire l’entraîneur Thomas Tuchel, sa présence sur le terrain change tout pour Paris. « Il est la clé pour nous pour des performances et des résultats extraordinaires », a-t-il déclaré mercredi dernier à Lyon (5-1), son dernier match de préparation avant le grand rendez-vous contre Dortmund.
– Souvenirs de « remontada » –
Si son mois de janvier a été irrésistible, avec six buts en cinq matches, « Ney » a vu son élan brisé par une blessure aux côtes… qui l’a privé, à la demande des médecins parisiens, de quatre matches en février !
Anodine en apparence, sa lésion « chondro-costale » a été le point de départ d’un improbable feuilleton qui s’est terminé en règlement de compte en mondovision. A l’issue de son match de reprise à Dortmund, « Ney » a déploré « le choix » du PSG de l’avoir trop préservé: « Le club avait peur et c’est moi à la fin (qui) en souffre ».
Une sortie médiatique qui a enflammé l’écosystème parisien, de la même manière que son choix de citer en juillet dernier la « remontada » du Barça contre le PSG (6-1) comme l’un des meilleurs souvenirs de sa carrière… Les supporters de son club actuel n’ont toujours pas pardonné l’affront au Brésilien, impliqué dans les trois derniers buts catalans.
C’est dire si le rendez-vous de Dortmund fait figure de tournant majeur, non seulement pour son avenir dans la capitale qu’il avait voulu quitter l’été dernier, mais surtout pour la suite de sa carrière. Car le temps tourne.
A 28 ans, Neymar, qui vient de fêter ses 11 ans de carrière professionnelle, n’a toujours pas remporté le Ballon d’Or promis lors de ses débuts prodigieux à Santos. Et ce malgré des statistiques remarquables aussi bien en sélection qu’en club (399 buts en 630 matches).
– Enfin le Ballon d’Or ? –
Avec un tel don, comment expliquer qu’il n’a pu devenir l’égal d’un Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo ? La faute à un investissement pas toujours à la hauteur de son talent en dehors des terrains, davantage similaire à son compatriote Ronaldinho qu’à « CR7 ».
« La différence en football mais comme dans la vie en général (…) se fait surtout au niveau mental. Le fait de ne pas se contenter, d’être là, d’atteindre des objectifs », a expliqué à l’AFP Massimiliano Allegri, qui a entraîné le quintuple Ballon d’Or portugais à la Juventus Turin (2018-2019).
« Atteindre des objectifs, c’est du sacrifice. Ce n’est pas: +Je suis bon et je m’amuse+, non. Autrement, il y en a un autre qui a plus faim, plus d’envie que toi, qui arrive en premier sur le ballon, qui gagne trois duels de plus », fait valoir l’entraîneur italien.
Malgré les désillusions successives et l’importance grandissante de son coéquipier Kylian Mbappé (21 ans), Neymar va-t-il finir par y arriver cette saison ?
« Pour moi, oui. C’est l’un des meilleurs joueurs du monde, il n’y a aucun doute là-dessus », a confié début février à l’AFP Kaka, dernier joueur brésilien à avoir décroché le Ballon d’Or en 2007. « Si le PSG remporte la Ligue des champions, il le remportera probablement. » A lui de jouer !