Binationalité : Quand Le Pen écrit aux députés

La chef de file du Front national, Marine Le Pen, a envoyé mardi une lettre aux 577 députés afin de leur demander de se prononcer pour l’abrogation de la double nationalité. Selon elle, la binationalité – autorisée en France – « pose des problèmes ». Une mesure déjà avancée, à plusieurs reprises, par des députés du collectif de la Droite populaire.

Binationalité : Quand Le Pen écrit aux députés
La chef de file du Front national a souhaité reprendre à son compte la question de la binationalité. Mardi, Marine Le Pen a en effet pris sa plume pour demander aux députés – de droite comme de gauche – d’abroger ce principe, arguant qu’il est purement et simplement une "atteinte à la cohésion républicaine". Dans cette lettre publiée mercredi par France Soir et désormais en ligne sur le site du parti d’extrême-droite, elle affirme que "la multiplicité des appartenances (française et étrangère, ndlr) contribue (…) à affaiblir chez nos compatriotes l’acceptation d’une communauté de destin, et par là-même à miner les fondements de l’action de l’Etat". Marine Le Pen estime également que l’explosion du chiffre des binationaux en France "pose aujourd’hui des problèmes (…) que le législateur ne peut plus ignorer", exhortant cette catégorie de Français à faire "allégeance". En d’autres mots, à choisir entre la France ou un autre pays.

"Je n’ai pas vu cette lettre. J’ai lu la presse comme vous", affirme au JDD.fr le président du groupe Nouveau Centre à l’Assemblée nationale, François Sauvadet. "C’est une sollicitation à laquelle je n’ai pas l’intention de répondre", ajoute-t-il sans détour. "Pas reçu", confirme la député socialiste Delphine Batho. Du côté du député UMP Claude Goasguen non plus, la lettre de Marine Le Pen – postée mardi selon France Soir – n’est pas encore arrivée. "Il ne l’a pas reçue, elle lui a juste été communiquée", précise-t-on dans son entourage.

La Droite populaire ironise

Pourtant, le sujet l’intéresse tout particulièrement. Membre et rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le droit de la nationalité – présidée par le socialiste Manuel Valls –, Claude Goasguen avait évoqué la binationalité au début du mois de mai. Dans une interview accordée à La Croix, l’élu parisien estimait qu’il fallait la limiter ou tout du moins diminuer les droits politiques des binationaux. Une sortie qui avait fait réagir dans l’opposition, mais également au sein même de la majorité. "Limiter le droit de vote des binationaux, à titre personnel, je trouve ça choquant", avait alors déclaré le secrétaire d’Etat aux Transports, Thierry Mariani, ancien membre de la mission d’information. "D’autant que la plupart ne votent que dans un seul pays et que les mariages mixtes se multiplient", avait-il ajouté, se disant toutefois favorable à une "meilleure connaissance" de la situation des binationaux en France. Le Parti socialiste, pour sa part, s’indignait contre une telle mesure, arguant que "l’UMP continue à investir les terres du Front national, prenant le risque de les nourrir".

Pour les députés de la Droite populaire, ce serait plutôt l’inverse. En tout cas sur cette thématique. Mercredi, Philippe Meunier, Lionnel Luca et Jean-Paul Garraud ont ironisé sur l’initiative de Marine Le Pen contre la double nationalité, estimant que la leader frontiste "court après" leur collectif. "Marine Le Pen découvre aujourd’hui le problème posé par la double nationalité" déclarent-ils dans un communiqué commun. Et d’ajouter, "pour son information", qu’un amendement sur la fin de la binationalité avait été déposé lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration en septembre 2010. Les députés prévoyaient alors, entre autres, que "l’acquisition de la nationalité française soit subordonnée à la répudiation de toute autre nationalité".

Convention sur l’immigration

Si elle est loin de faire l’unanimité, la question de la binationalité pourrait revenir sur le devant de la scène politique dans les prochaines semaines. En effet, mercredi, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, – qui n’a pas "reçu cette lettre" – a indiqué que la majorité serait "certainement amenée à aborder cette question lorsque nous aurons notre convention sur l’immigration et l’intégration", qui devrait se tenir début juillet, selon l’AFP. Et de conclure : "Il ne faut pas se disperser et traiter les sujets les uns après les autres". Pour la binationalité, ce sera donc le mois prochain. "C’est une idée qui mérite d’être débattue. Indépendamment de la position du FN, il n’est pas illégitime de discuter de cette question", a déclaré Henri Guaino mercredi soir sur Europe 1. Mais pour le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, ce n’est pas "l’urgence du moment".

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