Avec le cessez-le-feu, c’est l’espoir qui renaît à Gaza

Les magasins ont rouvert, les bateaux des pêcheurs sont ressortis du port et les Gazaouis recommencent à faire des projets: depuis que le cessez-le-feu est entré en vigueur dans la bande de Gaza, ses habitants respirent de nouveau.

Mais dans ce territoire exigu qui a connu trois guerres entre Israéliens et Palestiniens en l’espace de six ans, beaucoup préfèrent ne pas se réjouir trop vite.

S’il s’enthousiasme en lançant "la victoire est à nous", Ehab Abou Jalal nuance aussitôt: avant de penser à l’avenir, "il faut que le cessez-le-feu dure". "On en a assez de la guerre, aucun peuple n’a enduré tout ce que nous avons enduré à cause de la guerre", explique-t-il.

Mais si le calme revient vraiment pour longtemps, alors, dit ce trentenaire, "on va avoir un port, un aéroport, les points de passage seront ouverts, le blocus va être levé et on vivra dans la dignité".

Pour le moment, avec son salaire de ferronnier il fait vivre sa famille et celles de ses quatre frères, alors il place tous ses espoirs dans un allègement du blocus, que l’accord de cessez-le-feu prévoit.

S’il est réellement mis en place, les points de passages entre Israël et la bande de Gaza devraient être rouverts, permettant aux 1,8 millions de Gazaouis bloqués entre l’Egypte, Israël et la Méditerranée de se fournir en produits indisponibles depuis la mise en place en 2006 du blocus israélien.

Quant au port et à l’aéroport dont parle Ehab, ils doivent être discutés lors de pourparlers prévus au Caire sous un mois, mais pour les experts, ces exigences-là semblent bien loin de prendre forme.

Pour Ehab, la levée du blocus c’est aussi le retour des matériaux de construction, dont certains étaient jusqu’ici interdits d’entrée à Gaza. Et avec eux, "du travail" pour ses frères, maçons.

– La ‘patience’ a payé –

Mardi, Israéliens et Palestiniens ont également convenu, sous l’égide de l’Egypte, de ramener la zone de pêche à six milles nautiques contre 3 actuellement. "En fait, c’est la même chose qu’avant la guerre, pour le moment nous n’avons rien gagné de plus", affirme Nizar Ayache, du syndicat des pêcheurs de Gaza.

"Pendant la guerre", dit-il, "dès qu’un pêcheur s’avançait un peu dans l’eau, même de 100 mètres, les Israéliens lui tiraient dessus", donc aujourd’hui, lui et ses collègues se réjouissent de retrouver leur gagne-pain.

"Mais ils ont promis d’élargir la zone jusqu’à 12 milles", affirme-t-il, tout en prévenant que "les pêcheurs palestiniens réclament leur droit: celui de naviguer jusqu’à 20 milles du large". En fait, ce qu’il veut c’est que "les Israéliens arrêtent de contrôler tous nos mouvements".

Abou Ahmed, lui, ne veut pas se laisser aller trop vite à l’optimisme. "Pour le moment, rien n’a changé sur le terrain, l’ennemi nous a habitué à rompre toutes ses promesses. Avec tous les sacrifices qu’on a fait, il faut qu’on obtienne de pouvoir pêcher plus loin que six milles", lance ce pêcheur.

Ces sacrifices, tous les ont en tête: en 50 jours de guerre, plus de 2.140 Gazaouis ont été tués, plus de 11.000 blessés, près d’un demi-million déplacés et des dizaines de milliers de maisons ne sont plus que ruines.

Jawad Ayad, lui, a retrouvé sa maison qu’il n’avait pas revu depuis 38 jours. Elle est en partie détruite, mais, dit-il, la "patience" des Gazaouis a payé car "nous retrouvons nos maisons la tête haute face à l’ennemi". "Nous avons traversé des journées difficiles et fait beaucoup de sacrifices mais Dieu nous a accordé la victoire", assure-t-il.

"J’espère que cette guerre sera la dernière", ajoute cet homme de 50 ans, qui a déjà connu plusieurs conflits dévastateurs contre l’Etat hébreu.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite