Aux racines du conflit israélo-palestinien
Le réalisateur anglais Peter Kominsky signe The Promise, fiction historique sur la naissance d’Israël et
la responsabilité originelle de l’armée britannique, la puissance colonisatrice, coupable d’avoir quitté la Palestine en 1948 sans garantir la sécurité des Palestiniens et les conditions d’une paix durable.
À l’origine de ce projet, une lettre envoyée il y a sept ans à Peter Kominsky par un vétéran des Forces spéciales durant le mandat britannique en Palestine: "Il me suggérait de lever le voile sur cet épisode peu connu de l’histoire anglaise. J’y ai trouvé la matière pour raconter une fiction sur le Moyen-Orient", souligne Kominsky. L’intérêt du récit tient à sa trame narrative construite sur deux époques. En juin 2005, Erin Matthews, une jeune Londonienne de 18 ans, rebelle et soupe au lait, tombe par hasard sur le journal intime de son grand-père hospitalisé. Et découvre son parcours héroïque de soldat durant la Seconde Guerre mondiale: sa participation à la libération des camps de concentration, puis sa mutation en 1945 en Palestine, sous mandat britannique.
La responsabilité originelle de l’armée britannique
Cette découverte incite Erin à accompagner une amie en Israël, où elle doit effectuer son service militaire. La jeune Anglaise se retrouve plongée dans toute la complexité de la société israélienne, avec ses nuances et ses lignes de fracture. Des colons haineux retranchés à Hébron au militaire israélien devenu pacifiste, de l’ancien terroriste des Martyrs d’Al-Aqsa, militant dans l’association israélo-palestinienne Combattants pour la paix. Erin va échapper à un attentat suicide, s’aventurer à Naplouse, Hébron, Gaza avec une obsession: accomplir le serment de son grand-père. Celui fait à un ami palestinien de lui restituer les clés de sa maison, qu’il fut contraint d’abandonner le jour de la Nakba ("la catastrophe"), l’exode massif des Palestiniens, en 1948. Une histoire habilement racontée par flash-back, avec la lecture du journal intime comme fil rouge.
Peter Kominsky signe une saga historique au souffle épique, classique dans sa facture, parfois longue, mais captivante, avec des amours impossibles, des basses trahisons, des scènes de combat spectaculaires et moult rebondissements… Au fil de son récit, il livre un constat implacable de l’occupation actuelle des territoires par Israël, mais n’oublie pas de remonter aux racines du conflit : la responsabilité originelle de l’armée britannique, la puissance colonisatrice, coupable d’avoir quitté la Palestine en 1948 sans garantir la sécurité des Palestiniens et les conditions d’une paix durable.
Les historiens pourront pointer certaines simplifications, notamment dans la quatrième et dernière partie de The Promise, consacrée à la guerre civile de 1947-1948 et à la naissance de l’État hébreu dans le sang. D’autres pourront s’indigner d’un parti pris politique dans la droite ligne de la gauche anglaise pro-palestinienne. Reste que Kominsky livre une fiction historique utile pour appréhender un conflit inextricable.
The Promise (Le Serment), lundi à 20.50, Canal +.
Éric Mandel – Le Journal du Dimanche