Sang sur le lit. Ce rebondissement intervient tandis que nouveaux éléments sont apparus hier sur le déroulé des faits. Certains renforcent le récit initial de la femme de chambre. D’autres, au contraire, soulèvent de nouvelles interrogations. Le New York Times a ainsi pu obtenir le rapport rédigé par la personne ayant accueilli Nafissatou Diallo à l’hôpital St. Luke’s-Roosevelt, quelques heures après l’agression présumée. Cette dernière aurait tout d’abord évoqué «un homme nu», «avec des cheveux blancs», qui aurait fermé la porte derrière elle après son entrée dans la suite et l’aurait poussée sur le lit. Selon le rapport, Diallo a ensuite assuré que DSK lui aurait mis «son pénis brièvement dans la bouche». Elle explique lui avoir alors demandé d’arrêter et tenté de s’enfuir. Mais DSK l’aurait traînée vers la salle de bains, aurait mis ses mains sous ses vêtements et lui aurait touché l’entrejambe. Après être tombée, elle assure que DSK l’a forcée à une fellation «en lui tenant les cheveux et en lui contrôlant la tête avec force». Pour la première fois, la femme de chambre évoque par ailleurs du sang sur le lit de son agresseur présumé, en précisant que ce n’est pas le sien.
Ce récit correspond à la version que la plaignante a livrée à la police dans les premiers jours de l’affaire. Mais c’est la suite des événements qui pose problème. Dans le rapport de l’hôpital, elle assure avoir vu DSK s’habiller dans la chambre 2 806. Jusque-là, elle avait affirmé s’être enfuie de la suite juste après les faits pour se réfugier dans un couloir. Le bureau du procureur a ensuite assuré qu’il s’agissait d’un mensonge et la jeune femme aurait finalement déclaré qu’elle avait nettoyé une autre chambre, la 2 820, avant de prévenir les employés du Sofitel. C’est donc désormais une troisième version qui se superpose, dans laquelle elle serait restée plus longtemps qu’annoncé dans la suite 2 806.
Revirement. Le site d’information The Daily Beast, citant des sources proches de l’enquête, a révélé que les clefs magnétiques de l’hôtel montraient que Nafissatou Diallo avait bien nettoyé la chambre 2 820 : à 12 h 26, soit après l’agression présumée, elle aurait ouvert la porte de cette autre suite pour n’y rester qu’une minute, avant de revenir dans la 2 806… Ce sont tous ces éléments que le procureur réexamine avant de décider de la suite à donner à l’affaire.
La semaine dernière, dans un revirement spectaculaire, il avait accepté la libération sur parole de DSK, après avoir reconnu «avoir des inquiétudes sur la crédibilité de la plaignante». Des sources proches du procureur avaient en outre révélé que Nafissatou Diallo avait pris contact avec un trafiquant de drogue incarcéré en Arizona pour discuter de l’intérêt financier à poursuivre DSK. Hier, le New York Post a estimé que le procureur s’acheminait vers un non-lieu lors de l’audience du 18 juillet. Ou même avant.