Au Maroc, un ministre veut mettre un terme à l’islamisation des colonies de vacances

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Plus question de laisser les enfants se faire endoctriner en colonie de vacances. Les camps de vacances ne devront plus être un espace de prosélytisme où la religion est la principale préoccupation. Le ministre marocain de la jeunesse et des sports a pris la ferme décision d’encadrer l’organisation des colonies de vacances selon des normes professionnelles et éducatives à même de répondre aux attentes des enfants.

En fustigeant le réveil des gosses pour prier à l’heure du Fajr et les longues génuflexions sous le soleil pendant la prière collective d’Ad Dohr du vendredi Rachid Talbi Alami a jeté un pavé dans la mare. Le ministre en charge de la jeunesse et des sports le sait : ses propos vont déranger un ordre religieux que certaines associations phagocytant les colonies de vacances ont voulu établir. Des cours sur la religion sont donnés. Des imams autoproclamés se mêlent de la partie La machine à endoctriner est en marche alors que les enfants sont en vacances dans des colonies.
« De plus, ajoute le responsable gouvernemental, l’encadrement religieux ne rentre pas dans nos prérogatives.»

Très vite la polémique a enflé. Voici un ministre contre la religion, s’insurgent les détracteurs de cet ancien président de la chambre des députés qui voient une attaque directe contre les associations réputées proches des islamistes au pouvoir. Faux, répliquent les associations qui en avaient assez de subir l’islamisation des colonies de vacances. « Il était temps que les colonies deviennent ce qu’elles ont toujours été. C’est-à-dire des lieux de vivre ensemble et des espaces éducatifs », disent-elles à l’unisson.

Au ministère de la jeunesse et des sports, on se fait fort de le rappeler. Les mises en garde de Rachid Talbi Alami procèdent d’une réalité tout aussi amère que palpable . Dans des photographies dont « Atlasinfo » a pu obtenir copie, on peut voir des petites filles voilées et des garçons en gandoura blanche assis par terre, en plein air, en train de psalmodier le Coran, de prier ou d’écouter un cours sur la religion en lieu et place de jeux éducatifs, d’encadrement sur la citoyenneté et l’ouverture.

« Les colonies de vacances ont perdu la vocation qui a toujours été la leur depuis le début des années 1960 sachant que c’est une catégorie bien précise de moniteurs qui est en droit d’exercer au sein de ces colonies. De nombreuses associations ne respectent pas cela », fait valoir un associatif.

En attendant, ce ministre qui ne mâche pas ses mots est déterminé à aller jusqu’au bout en réhabilitant l’esprit des colonies de vacances.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite