Au Maroc, les jeunes suscitent un élan de solidarité après le déraillement du train meurtrier

Narjis Rerhaye (A Rabat)

« Une jeunesse marocaine patriote », « Bravo les jeunes », « Merci la jeunesse », « Les jeunes du peuple sauve le peuple ». Tout au long de ce mardi noir qui a vu le déraillement d’un train reliant Casablanca à Kénitra et la mort tragique de 7 personnes, la Toile est inondée de posts vantant le comportement de jeunes Marocains face au terrible drame.

Sur les lieux de l’accident, à Sidi Bouknadel, les jeunes de cette localité ont été les premiers à accourir, tentant de sauver les passagers prisonniers dans les wagons d’un train qui a déraillé avant de heurter violemment le pilier d’un pont. « Ils sont venus des alentours bien avant les premiers secours et les ambulances. Des dizaines de jeunes des douars avoisinants qui ont essayé de se rendre utiles en voulant sauver des vies », raconte un témoin toujours sous le choc de l’accident ferroviaire.

Le Maroc n’avait pas connu un tel drame sur les rails depuis 25 ans. Il est aux alentours de 10H30 ce mardi 16 octobre lorsque le Train Navette Rapide 9 en provenance de Casablanca et se dirigeant vers Kenitra déraille au niveau de Bouknadel. Le train percute violemment le pilier d’un pont. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux immédiatement après l’accident laissent présager de l’ampleur de la tragédie : wagons défoncées, affaires personnelles des voyageurs éparpillées non loin des rails, sang. Le bilan est lourd : 7 morts et 125 blessés. Défaillance humaine ou technique ? Une enquête judiciaire est ouverte. Les responsabilités seront déterminées.

Les jeunes ne se mobilisent pas seulement aux abords du train qui a déraillé. Sur la toile, ils lancent des appels incessants pour les dons de sang. Au Maroc, les responsables de centres de transfusion sanguine alertent souvent sur la pénurie de sang. Ce mardi, pas question de laisser les victimes du train meurtrier mourir faute d’indisponibilité de sang.

L’information est diffusée en masse. « Il faut donner son sang », « courez vite au centre de transfusion sanguine et faites don de votre sang » : les messages se multiplient et quittent l’espace virtuel pour se faire réalité. En quelques heures, ils sont plusieurs centaines dans la région de Rabat-Salé, Kénitra à avoir fait don de ce sang si précieux. La solidarité s’organise. Les jeunes sont aux premières lignes. « Nos jeunes, de vrais patriotes » poste une internaute.

Pendant plusieurs heures, les secours sont à pied d’œuvre alors que les ambulances se succèdent transportant les blessés vers l’hôpital Moulay Abdallah à Salé et à Avicenne à Rabat. Les cas les plus graves sont acheminés à l’hôpital militaire de la capitale où tous les chirurgiens et réanimateurs sont mobilisés.

Très vite, ce sont encore les jeunes qui sont à la manœuvre en faisant des réseaux sociaux une source d’information. L’opinion publique mais aussi les journalistes se tiennent informés grâce aux vidéos de l’accident postées. « Il a fallu plusieurs heures avant que l’ONCF ne communique sur cette tragédie », soupire un journaliste qui s’était rendu sur les lieux de l’accident.

Au fil de cette journée de deuil, la solidarité s’organise. La vie continue. Des jeunes essaient de mettre en place un système de convoiturage faisant office de navette entre Casablanca et Kenitra. Le trafic ferroviaire ne peut être rétabli avant 24 heures, avait prévenu l’office national des chemins de fer.

« Qui a dit que les jeunes Marocains étaient désabusés et qu’ils ne s’impliquaient pas dans leur pays, qu’ils pensaient qu’à le quitter ? Ce qui s’est passé après le déraillement de ce train, le comportement de cette jeunesse qui a su donner du sens à la solidarité est exemplaire. Il faut le dire et le redire à nos responsables et au personnel politique de ce pays », affirme cet associatif en action auprès des jeunes.

C’est un poste qui a été partagé plusieurs dizaines de fois dans la soirée de mardi 16 octobre. Une bouée de sauvetage, un rappel à l’ordre pour que les jeunes du Maroc ne se soient plus un sujet de colloque. « Aujourd’hui, ce sont les jeunes qui ont sauvé leur pays ! Vous prétendez que cette génération n’a aucun respect ni éducation ? Ce train vous a prouvé que si les jeunes étaient au pouvoir, le Maroc irait bien mieux. Merci à la jeunesse ».

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