Etats-Unis et talibans espèrent signer un accord le 29 février, si la baisse des violences devant s’amorcer samedi et durer une semaine est concluante, ce qui constituerait un pas en avant historique en vue de pourparlers de paix en Afghanistan au bout de 18 ans de guerre.
Les Etats-Unis avaient exigé comme préalable à tout accord une baisse des attaques des talibans dans le pays.
« Après de longues négociations, (les deux parties) ont convenu de signer l’accord finalisé en présence d’observateurs internationaux (…) le 29 février », ont confirmé les talibans dans un communiqué. Tant les Etats-Unis que les insurgés vont désormais « créer une situation sécuritaire adéquate » avant cette date, ont-ils poursuivi.
Javed Faisal, directeur du Conseil national de la sécurité d’Afghanistan, un organe gouvernemental, avait préalablement annoncé que la « réduction des violences » entre les talibans et les forces pro-gouvernementales et américaines démarrerait le 22 février pour « une semaine ».
« Nous espérons que cette réduction des violences mènera à un cessez-le-feu, et à une paix durable en Afghanistan », avait-il poursuivi, interrogé.
Les talibans ont été chassés du pouvoir en Afghanistan par une coalition internationale menée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.
Les insurgés, qui gouvernaient à Kaboul depuis 1996, ont ensuite mené une guérilla incessante, qui a tué plus de 2.400 soldats américains et des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité afghanes.
« Nous avons reçu des ordres de nos dirigeants, nous demandant d’être prêts pour la réduction des violences qui démarrera samedi », a déclaré à l’AFP un taliban du district de Maiwand, dans la province de Kandahar (Sud).
‘Fauteurs de troubles’
Un autre commandant taliban basé à Kandahar, Hafiz Saeed Hedayat, a toutefois affirmé à l’AFP que la diminution des combats ne s’appliquerait qu' »aux villes et aux principales routes ». « Cela signifie que peut-être la violence se poursuivra dans les districts » ruraux.
Une fois cet accord signé, des discussions inter-afghanes doivent s’ouvrir, alors que les talibans refusent depuis 18 ans de négocier avec le gouvernement de Kaboul, qu’ils considèrent comme une « marionnette » de Washington.
D’après une source talibane au Pakistan, ces pourparlers devraient démarrer « le 10 mars ».
Jeudi, le numéro 2 des insurgés Sirajuddin Haqqani avait déclaré les rebelles « pleinement engagés à travailler avec les autres parties » dans un « respect sincère afin de convenir d’un nouveau système politique inclusif ».
« Nous sommes sur le point de signer un accord avec les États-Unis et nous sommes pleinement engagés à en appliquer toutes les dispositions, dans la lettre et l’esprit », avait-il écrit dans une tribune au quotidien américain New York Times.
Pour l’expert des talibans Rahimullah Yusufzai, « les deux parties ont montré leur volonté de signer un accord de paix, ce qui constitue une évolution significative ».
Mais la phase suivante sera plus problématique, car « les talibans ne sont toujours pas disposés à discuter directement avec le gouvernement afghan », dans lequel agissent en outre des « fauteurs de troubles » « opposés à ce processus », a-t-il estimé.
La réduction de la violence n’est « encore que la première étape pour arriver à des négociations intra-afghanes », a opiné Andrew Watkins, un analyste de l’International Crisis Group interrogé par l’AFP. « Ces pourparlers seront eux-mêmes difficiles, mais ils constituent la meilleure voie vers un règlement pacifique du conflit afghan ».