Affaire Griveaux: Pavlenski et Taddeo mis en examen
L’artiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo, au coeur du scandale des vidéos à caractère sexuel ayant poussé Benjamin Griveaux à renoncer à la mairie de Paris, ont été mis en examen mardi par un juge d’instruction parisien et placés sous contrôle judiciaire.
Déjà condamné en 2019 pour avoir incendié en octobre 2017 la façade d’une succursale de la Banque de France place de la Bastille, à Paris, l’activiste a assumé à sa sortie du tribunal la diffusion des vidéos de l’ancien porte-parole du gouvernement.
Il a justifié son geste en dénonçant l' »hypocrisie » de M. Griveaux, qui « a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris » selon lui.
Sous la menace d’une incarcération – réclamée par le parquet – dans une autre information judiciaire ouverte mardi matin concernant des violences avec arme commises le 31 décembre, il a finalement été remis en liberté en début de soirée.
Dans cette procédure, le magistrat instructeur n’a pas questionné le Russe de 35 ans et l’a convoqué dans quelques jours pour cet interrogatoire, a-t-on appris de source judiciaire. C’est à l’issue de celui-ci qu’une décision sera prise concernant d’éventuels mise en examen et placement en détention provisoire, requis par le parquet.
Piotr Pavlenski, dont l’une des « performances » choc a été de se coudre les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, avait été interpellé et placé en garde à vue samedi après-midi, initialement pour le dossier des violences avant d’être interrogé par les enquêteurs à partir de dimanche sur ces vidéos de 2018. Alexandra de Taddeo avait été placée en garde à vue samedi soir dans l’affaire Griveaux, quelques heures après le dépôt d’une plainte contre X.
Celle-ci, âgée de 29 ans, reconnaît être à l’origine la destinataire des vidéos incriminées mais elle nie toute implication dans leur diffusion. « Elle les a gardées, pas pour les diffuser sur un site internet, elle les a gardées pour les garder », a déclaré son avocate Noémie Saidi-Cottier après la mise en examen de sa cliente.
Selon une source proche du dossier, elle aurait également en sa possession d’autres vidéos de M. Griveaux.
En ce qui concerne le dossier des violences de la Saint-Sylvestre, il aurait pour origine une dispute entre plusieurs personnes et l’activiste russe, qui se serait saisi d’un couteau dans la cuisine, selon le récit à l’AFP d’un participant à la soirée.
Deux des invités ont été blessés avec ce couteau, a rapporté le site d’information Mediapart, qui avait révélé l’existence de cette enquête.
L’avocat et essayiste Juan Branco, qui dit avoir « conseillé » M. Pavlenski sur les vidéos à l’origine du retrait de M. Griveaux, était également présent à cette soirée de réveillon.
Lui-même a été est au coeur d’un imbroglio concernant sa désignation comme avocat du Russe dans cette affaire, poussant le bâtonnier de Paris à diligenter une enquête déontologique.
La défense de Piotr Pavlenski est finalement assurée par Me Yassine Bouzrou, un avocat habitué aux dossiers médiatiques, notamment connu pour avoir été le premier avocat de Tariq Ramadan dans le procédure où l’islamologue est accusé de viols ou de la famille d’Adama Traoré, un jeune homme de 24 ans décédé en 2016 après une course-poursuite avec les forces de l’ordre.