Elisabeth Guigou, présidente de la toute nouvelle commission sur l’inceste et citée parmi les proches d’Olivier Duhamel, accusé d’inceste par sa belle-fille Camille Kouchner, s’est défendue mardi d’avoir eu connaissance de ces accusations, estimant que « nous côtoyons tous des victimes et des agresseurs sans le savoir ».
« Je ne fais pas exception à la règle », a déclaré à L’Obs l’ancienne garde des sceaux socialiste. « Le silence pendant des années de cette famille, que je connais, nous montre combien il faut être courageux pour que ce tabou puisse être levé », a-t-elle dit.
Dans « La Familia grande », à paraître jeudi aux éditions du Seuil, Camille Kouchner, fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner, révèle que son frère jumeau a été victime d’inceste par son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, lorsqu’il avait 14 ans.
Mme Guigou, qui affirme avoir « découvert cette histoire dans la presse cette semaine », était une des proches de la famille.
« A titre personnel mais également en tant que présidente de la commission sur l’inceste, je m’interroge sur le rôle que chacun doit jouer pour que les enfants ne soient pas seuls face à leur agresseur, sans recours, sans que leur voix soit entendue, sans qu’une réponse ne leur soit donnée au bon moment », ajoute cette figure du PS.
Depuis le 10 décembre, Mme Guigou est à la tête d’une commission indépendante sur l’inceste et toutes violences sexuelles faites aux enfants, calquée sur le modèle de la Commission Sauvé sur les abus sexuels dans l’église.
Cette instance, dont la mission est prévue pour durer deux ans, doit permettre « que notre société avance sur ce sujet, ses travaux doivent permettre ce changement », conclut-elle.
Dans une vidéo publiée mardi soir par le média en ligne Loopsider, Mme Guigou estime qu' »il faut saluer le courage de Camille Kouchner ». « Ce n’est pas facile » des années après « d’exprimer ça (…) surtout quand le silence a été là pendant si longtemps ».
« Je lui ai envoyé tout de suite un message hier (lundi) soir pour lui dire +J’imagine votre souffrance, celle de votre famille et si vous souhaitez vous exprimer devant la commission, dites-le moi+ », indique Mme Guigou, qui connaissait « cette famille depuis la fin des années 90 ».
Quand elle a « découvert ça hier en lisant les extraits (du livre) dans la presse », la « première pensée » de l’ancienne ministre « a été pour ces enfants, ces trois enfants », confie-t-elle. « C’est un crime. Voilà, c’est un crime », poursuit-elle.
« Il faut qu’on arrive à parler » de l’inceste, « c’est l’objet de la commission », car « c’est la condition pour que les victimes puissent se reconstruire, pour qu’elles puissent partager leur fardeau épouvantable » et « pour qu’on puisse prendre en charge les auteurs pour ne pas qu’ils recommencent », explique Mme Guigou.
« Reconnaissante » envers les « mouvements féministes » qui « ont dit +on ne peut plus se taire là-dessus, on ne peut plus avoir la moindre indulgence+ », elle « espère qu’avec cette commission » pourra se « créer une dynamique de la parole libérée, de l’interrogation de l’ensemble des institutions, de la société, des individus », afin d' »empêcher » que « ces tragédies » se produisent.